Jean-David Chamboredon, 3i : «Les entrepreneurs à succès sont les business angels de demain»

Jérôme Bouteiller
Publié le 04 avril 2008 à 11h51
Diplômé de l'Ecole Polytechnique, membre de la commission Financement de CroissancePlus, jean-david-chamboredon est responsable de l'activité capital-risque de 3i en France. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, sur le positionnement de 3i et sur les mesures à prendre pour améliorer le financement des jeunes pousses.

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Jean-David Chamboredon
JB -Jean-David Chamboredon, bonjour. En quelques mots, pouvez vous revenir sur votre parcours avant de rejoindre 3i ?

JDC -Bonjour. A la base, je suis un informaticien et j'ai notamment travaillé pendant 14 ans chez , le leader français des services informatiques . C'est justement en créant la filiale de Cap Gemini dans la Silicon Valley à partir de 1996 que j'ai découvert l'écosystème de l'internet. De retour en France fin 1999, j'ai rejoins Europ@web, la holding internet de Bernard Arnault , pour en être le directeur de la technologie. Je devais valider la faisabilité technique des projets voire les aider au niveau opérationnel comme se fut le cas pour ZeProject, le futur ZeBank.

Fort de ces expériences techniques, j'ai rejoint le fonds d'investissement Viventures en 2001 où j'ai travaillé sur plusieurs dossiers tels que Netonomy ou Okyz, le futur Acrobat 3D. En 2004, j'ai finalement rejoint 3i pour investir notamment dans des sociétés internet avec déjà quelques succès comme PriceMinister, Screentonic, SeLoger, Fastbooking ou Twenga.

JB -Quelle est l'activité de 3i exactement ?

JDC -Historiquement, 3i est né d'une initiative de la Banque d'Angleterre et de la Banque d'Ecosse et avait pour mission de participer au financements des PME Britanniques après la seconde guerre mondiale. En 63 ans, 3i a évolué pour devenir un multi-spécialiste du private équity et dont 100% du capital est côté à la bourse de Londres. Nous avons développé une véritable expertise dans la technologie, la santé ou encore l'énergie, avec des spécialistes capables de comprendre l'entreprise et l'entrepreneur.

JB -A titre personnel, quels types de sociétés ont votre préférence ?

JDC -Je n'aime pas trop les modèles avec des coûts logistiques ou d'acquisition de client trop élevés. Je privilégie les sociétés comme Fastbookig ou SeLoger avec un fort operating leverage qui, une fois qu'elles ont couvert leurs coûts fixes, sont capables de générer une très forte marge.

JB -C'est la revanche des modèles internet !

JDC -C'est vrai qu'en quittant Europ@web, l'heure était plutôt à la méfiance vis à vis des sociétés internet et j'ai par exemple laissé passer en 2002 des dossiers comme ou PriceMinister. Mais j'ai suivi certains dossiers et j'ai finalement décidé de faire confiance à Pierre Kosciusko -Morizet dès septembre 2004. Certains partners étaient sceptiques mais la cession de Kelkoo à Yahoo ou , depuis, lIPO de SeLoger, qui a dépassé le milliard de dollars de capitalisation boursière l'année dernière, ont certainement contribué à faire évoluer les mentalités.

JB -Si ces modèles fonctionnent, pourquoi 3i a décidé de se retirer de l'amorçage ?

JDC -Nous avions décidé de nous retirer du mid stage, où le risque est encore élevé et le capital déjà cher, pour nous concentrer sur le early stage et le late stage. Or nous avons réalisé que le early stage n'était pas si rentable que ça en terme de ratio temps passé/argent au travail . Nous avons donc décider d'abandonner l'amorçage pour nous concentrer sur le late stage, un segment du marché qui reste encore trop risqué pour les sociétés de capital développement généralistes , et dans lequel 3i apporter une véritable valeur ajoutée.

JB -Si des spécialistes comme 3i se retirent de l'amorçage, qui va s'en charger ?

JDC -Pour une société de gestion, il n'y a pas de business model sous le million d'euros d'investissement , c'est du bénévolat ! Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, cette phase est assurée par les business angels dont la capacité d'investissement totale est même supérieure à celle des VC. Des sociétés comme PriceMinister ou Twenga ont d'ailleurs été financées par des business angels ce qui montre que le modèle commence également à se déployer en France.

JB -Pensez vous néanmoins que l'écosystème français est satisfaisant pour le financement de l'innovation ?

JDC -Ce n'est plus un problème fiscal puisque la loi TEPA va désormais permettre aux particuliers d'investir l'argent qu'ils auraient payé en ISF dans des sociétés innovantes. A mes yeux, c'est plus un problème culturel. La France manque d'entrepreneurs comme Marc Simoncini car beaucoup ont eu tendance à s'installer en Suisse ou en Belgique pour fuir ce fameux ISF .

JB -Quels conseils pourriez vous donner à Eric Besson, le nouveau secrétaire d'état à l'économie numérique ?

JDC -De poursuivre les réformes en matière de droit du travail, de lutter contre le dumping fiscal au sein de l'union européenne mais surtout de tout faire pour conserver les serial entrepreneurs français sur notre territoire car ce sont eux les business angels de demain.

JB -Jean-David Chamboredon, je vous remercie.
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