Yahoo n'aura mis que deux jours à répondre à l'ultimatum lancé par Microsoft le 5 avril dernier. Dans une lettre ouverte, signée de son PDG Jerry Yang et de Roy Bostock, président du conseil d'administration, le portail américain tient une nouvelle fois la dragée haute au numéro un mondial des éditeurs. Yahoo maintient que la proposition formulée le 31 janvier n'est pas à la hauteur de la valeur de ses actifs, et invite Microsoft à augmenter son offre.
Fixée à 31 dollars par action, celle-ci valorisait le portail américain à hauteur de 44,6 milliards de dollars, soit une prime de 62% par action, lorsqu'elle a été formulée. A la clôture des marchés vendredi dernier, elle représentait encore une transaction de plus de 41 milliards de dollars.
« Nous avons maintenu que nous n'étions pas opposés à l'idée d'une transaction avec Microsoft si celle-ci était dans le meilleur intérêt de nos actionnaires », déclarent les deux dirigeants de Yahoo. « Nous pensons simplement qu'une éventuelle transaction se doit de correspondre à la juste valeur de Yahoo, en tenant compte des bénéfices stratégiques qu'en tirerait Microsoft ».
Le point d'achoppement tient donc à la supposée valeur de Yahoo. Alors que dans sa lettre du 5 avril, Steve Ballmer avançait l'hypothèse de parts de marché en baisse sur la recherche en ligne et d'une érosion du trafic sur les sites du groupe, Yahoo répond en annonçant AMP, une nouvelle plateforme publicitaire qui devrait voir le jour avant l'été.
« Nous avons récemment confirmé nos objectifs de résultats pour le premier trimestre et pour l'année complète, ce qui témoigne de notre capacité à enregistrer des performances conformes à nos attentes, en dépit du contexte économique actuel », ajoutent Yang et Bostock.
« Nous sommes au regret d'affirmer que votre lettre caractérisent mal la nature des discussions conduites ensemble. Nous avons tenu des conversations constructives, sur des sujets variés allant de l'intégration aux problèmes de régulation. Votre commentaire selon lequel nous avons refusé d'engager des négociations sont particulièrement étranges compte tenu du fait que nous avions déjà refusé votre offre initiale... », fustigent les deux responsables, « de plus, Steve, vous avez personnellement assisté à deux de ces réunions et vous pouviez conduire des discussions avancées de la façon qui vous convenait ».
Bien que les négociations conduites avec d'autres acteurs du Web tels que Google, AOL ou News Corp. n'aient semble-t-il mené à rien, Yahoo refuse pour l'instant de céder aux sirènes de Microsoft. Le groupe publiera ses résultats financiers pour le premier trimestre 2008 le 22 avril prochain, soit quatre jours avant que l'ultimatum de Microsoft n'expire, ce qui précipitera peut-être la fin des négociations.