Fondateur et président de Starzik, Jérôme Giachino précise le positionnement de cette jeune société française, éditrice d'une plate-forme de téléchargement légal de fichiers, sur le marché de la musique en ligne.
AB - Jérôme Giachino bonjour. Comment se situe Starzik sur un marché du téléchargement légal de musique où s'activent de nombreux acteurs, d'iTunes à Jamendo ?
JG - La société a été créée en 2004, le service Starzik.com a été lancé l'année suivante. Avec iTunes et Virgin, nous comptons parmi les pionniers du téléchargement légal de musique. Notre offre, plus de 2,2 millions de titres à ce jour, est composée à parts égales de titres émanant des catalogues des majors et de labels indépendants ou d'autoproductions. J'ajoute que nous sommes indépendants et, à l'inverse de nos concurrents, nous avons fait le choix de l'interopérabilité en proposant aux internautes 700.000 titres multiformats : MP3, Flac, Ogg Vorbis, AAC, WMA.
AB - Pouvez-vous préciser le modèle économique de Starzik ? Après 4 ans d'activité, la société est-elle rentable ?
JG - Starzik propose à la vente des fichiers en téléchargement : musique, notre spécialité (le titre est facturé à partir de 0,99€, l'album à partir 6,99€, nous proposons également des forfaits/packs), vidéo, jeux et logiciels. Parallèlement, nous commercialisons notre solution en marque blanche en fonction des besoins de nos partenaires (Free, , 3Suisses, La Redoute, etc.) Enfin, nous proposons aux artistes (autoproduits ou signés chez un label indépendant) de distribuer, promouvoir et vendre en téléchargement libre et légal leur musique (sans DRM ou système de gestion des droits numériques) via MyStarzikShop pour 29,90 € par an.
Aujourd'hui, nous sommes le 5ème site de téléchargement légal en France, avec plus de 50.000 fichiers vendus par mois, derrière iTunes, FnacMusic, VirginMega et Ecompil, édité par Universal Music On Line. Nous travaillons à développer notre audience, 830.000 visites et 6 millions de pages vues par mois en moyenne. Tout l'art consiste à monétiser cette audience. En volume, la musique nous fait vivre. En valeur, les revenus générés par la publicité et les partenariats sont les plus importants. Enfin, nous sommes à l'équilibre sur l'exercice fiscal 2007 (350.000 euros de CA) et nous serons rentables sur l'exercice 2008.
AB - Starzik compte parmi les premiers services légaux de musique en ligne en France à avoir proposé des fichiers sans DRM, un passage quasi obligé aujourd'hui. Cette approche répond-t-elle à la demande des internautes ? Les ventes sont-elles satisfaisantes ?
JG - Nous avons été « les premiers » ! Et la demande est forte : bien que le nombre de fichiers disponibles sans DRM soit moins important que le nombre de fichiers avec DRM, désormais plus de 40% de notre chiffre d'affaires est généré par les MP3 sans DRM.
AB - La vente au titre où à l'album de fichiers, qui fait la fortune d'Apple iTunes, évolue : abonnements, forfaits illimités, téléchargements financés par la publicité, musique libre, etc. A votre avis comment va se développer le marché ces prochaines années ?
JG - Le marché est en train de se structurer. Il y a des canaux qui fonctionnement mieux que d'autres. La gratuité de téléchargement contre un financement du service par la publicité me semble difficilement pérenne, dans un climat de ralentissement économique et de fluctuations du marché publicitaire. Quoi qu'il en soit, différents segments, téléchargement, streaming, marchés de niches, vont cohabiter pendant un certain temps.
AB - A vos yeux, la « riposte graduée » prônée par le gouvernement français pour lutter contre le téléchargement illégal de fichiers par le biais des réseaux peer-to-peer est-elle la bonne solution au piratage ? Comment équilibrer les relations entre artistes, internautes et industrie de la musique enregistrée ?
JG - C'est une solution. Toutefois, à mes yeux, la priorité consiste à développer une offre légale de qualité, interopérable et attractive pour les internautes, dans laquelle les artistes puissent déployer leur créativité sans être floués et les acteurs du marché développer leurs activités. Il est également nécessaire de sensibiliser, d'éduquer, tout n'est pas gratuit. Starzik va continuer à progresser dans cet esprit et proposera son savoir-faire en Europe avec l'aide de partenaires.
AB - Jérôme Giachino, je vous remercie.