L'éventualité d'une taxation sur l'accès internet pour financer « la nouvelle télé publique », sans publicité, inquiète la sphère numérique. L'ASIC, Association des services internet communautaires, fondée par Dailymotion, PriceMinister, Google, Yahoo et AOL France, réaffirme dans un communiqué du 22 mai 2008 « s'opposer à l'idée d'une taxation d'internet, même 'partagée' entre plusieurs secteurs ».
Elle estime « qu'une telle mesure déstabiliserait un secteur émergent, porteur de croissance, mais dont les équilibres pour la majorité des acteurs sont fragiles, et inciterait naturellement à la délocalisation ». L'ASIC persiste et signe en déclarant : « une taxation de l'internet, quel que soit son périmètre, pour financer la télévision relève d'une vision tournée vers le passé : taxer la marine à vapeur pour financer la marine à voile. »
Ce point de vue est partagé par Renaissance Numérique. L'association, qui regroupe dirigeants d'entreprises internet et universitaires français, estime « qu'une telle taxe irait à l'encontre du développement de l'économie numérique » et « s'étonne de la proposition de certains opérateurs de télécommunications qui, à travers leur Fédération, ont suggéré d'élargir le périmètre d'une taxe internet aux revenus publicitaires non seulement de leurs portails, mais de tous les sites internet. »
Renaissance poursuit : « si, pour un opérateur de télécommunications le chiffre d'affaires de ses portails internet représente environ 1% de ses recettes, les autres acteurs (NDLR : les pure players du web) tirent souvent 100% de leurs recettes de la publicité sur internet. » Or, le marché de la publicité en ligne est estimé à 430 millions d'euros en 2007, d'après une étude IREP-France Pub, « alors que la taille du secteur des télécoms est de plusieurs milliards d'euros ». Enfin, dans son communiqué du 23 mai, l'association s'interroge : « au nom de quel principe, un média en financerait-il un autre ? » Supprimer la publicité des chaînes télévisées publiques et compenser le manque à gagner par une taxe sur les secteurs innovants, est-ce une totale aberration ?