Président directeur général (CEO) d'Open Text, John Shackleton précise la stratégie de l'éditeur canadien sur un marché de la gestion du contenu d'entreprise (ECM) où s'activent de nombreux acteurs dont EMC Documentum, Alfresco et Nuxeo.
AB - En matière d'ECM, quels sont les choix techniques et fonctionnels d'Open Text ?
JS - Open Text a développé son offre ECM sur un modèle SOA (architecture orientée services). Celui-ci permet d'associer les services fondamentaux de l'ECM (capture, recherche, catégorisation, archivage, gestion de la rétention) et de les exploiter dans le cadre d'offres spécifiques 'métiers' ou de les associer à des environnements « clients » (SAP, Microsoft Sharepoint, gestion du courrier électronique, traitement des processus métiers transactionnels, etc.) Ainsi, un même socle de gestion de contenu peut fédérer l'ensemble des informations au niveau de l'entreprise, quels que soient le référentiel de départ et l'environnement client dans lequel les contenus seront exploités.
AB - Quelle est la part d'Open Text sur un marché où s'activent des acteurs comme EMC Documentum et les alternatives open source Alfresco et Nuxeo ?
JS - Les différents analystes (Gartner, Forrester...) donnent généralement à Open Text une part de marché de l'ordre de 22% au niveau mondial. Cette part de marché est supérieure en Europe où nous sommes crédités de 27%. Le chiffre d'affaires réalisé par Open Text en Europe est d'ailleurs supérieur à celui du marché Nord-Américain et représente plus de 50% du CA global d'Open Text.
AB - Que revêt la stratégie 2.0 d'Open Text, au-delà du concept marketing ?
JS - De plus en plus de nouveaux entrants sur le marché du travail consomment les contenus de manière différente (blogs, wikis, vidéos, messageries instantanées...) Les utilisateurs interagissent différemment avec les systèmes d'information, en créant des modes de consommation à la « YouTube » ou à la « MySpace » à l'intérieur de l'entreprise. A l'instar du phénomène d'explosion du volume des e-mails, ces nouveaux contenus, dont le volume va progresser très rapidement au sein des entreprises, devront être capturés, fédérés, conservés en utilisant les mêmes règles et mécanismes que les autres informations non structurées.
Dans cet environnement, la stratégie 2.0 d'Open Text consiste à favoriser le travail collaboratif synchrone et asynchrone, à exploiter ces nouveaux contenus mais aussi à fédérer et à conserver ces contenus avec les mécanismes d'archivage et de records management, déjà utilisés pour les documents dématérialisés, bureautiques ou encore courriels. Cette approche 'entreprise 2.0' permet à une organisation de mettre en place les fondations d'un 'entrepôt' réglementaire qui pourra recevoir également ces nouveaux formats. Ainsi les mêmes règles de conservation, basées sur des besoins métiers, seront appliquées quel que soit le format des contenus.
AB - En partenariat avec l'Université de Waterloo, Ontario, Canada, Open Text a récemment annoncé ouvrir un centre de recherche sur les médias numériques. Quels sont les objectifs de ce projet ?
JS - L'approche globale de gestion de contenu associe différents métiers et spécialités. Les contenus multimédias touchent les métiers artistiques, les métiers de la communication (publicité, grands médias), ainsi que les spécialistes de la catégorisation de l'information (documentalistes...) L'idée de cette université est de fédérer tous ces métiers liés aux contenus numériques et de développer un cursus permettant à ces différents profils de mieux appréhender une solution de gestion de contenu et de comprendre comment tirer profit de ces services. C'est une démarche gagnante/gagnante car les étudiants ainsi formés et sensibilisés pourront à l'issu de leur cursus être employés dans les sociétés partenaires ou clientes d'Open Text, avec une certification/un label garantissant leurs connaissances.
AB - D'après vous, comment va évoluer le marché du logiciel de gestion des contenus ces prochaines années ?
JS - Le marché s'est déjà beaucoup consolidé. Nous voyons de plus en plus un rapprochement, demandé par nos clients et utilisateurs, entre l'information non structurée (80% des informations dans l'entreprise) et structurée (les données présentes dans les ERP, systèmes de CRM...) A ce titre, notre approche 'Enterprise Connect' qui permet d'agréger et d'associer les informations issues des deux mondes, est une réponse cohérente. De même, la capacité à gérer le cycle de vie de toutes les informations et à mettre en place des mécanismes de conservation (records management) sur l'ensemble des ces informations structurées ou non est une demande très importante du marché. Cette demande va croître dans les prochains mois et années.
AB - John Shackleton, je vous remercie.