Plus que jamais dominé par Sa Majesté World Of WarCraft, le monde du MMORPG voit naître une certaine relève - ou rébellion selon le point de vue que l'on adopte et en attendant de pouvoir se faire une idée plus juste du très prometteur Warhammer : Age Of Reckoning, c'est un autre « Age » qui nous vient tout droit des fjords norvégiens... celui de Conan. Sous-titré Hyborian Adventures et œuvre des développeurs de Funcom, ce titre évidemment inspiré des écrits de Robert E. Howard espère bien jouer les premiers rôles sur un marché très concurrentiel : il compte sur la richesse de son univers, un système de combat novateur et un accompagnement sur 20 niveaux des débutants... Suffisant pour s'imposer ?
Quel est l'âge du capitaine (Conan) ?[/anchor]Très connu des amateurs de littérature fantastique (et des fans d'Arnold Schwarzenegger), l'œuvre de Robert E. Howard n'a toutefois pas inspiré beaucoup de développeurs. Des développeurs qui se sont d'ailleurs bien souvent contentés d'en faire des jeux d'action très basiques sans imaginer une seconde qu'ils tenaient là un univers d'une richesse incroyable. Cette richesse n'a toutefois pas échappé à tout le monde et ce sont donc les créateurs norvégiens de Funcom qui ont décidé de s'en emparer pour réaliser leur second jeu massivement multijoueur. Après la science-fiction d'Anarchy Online, on change donc d'environnement, et ce, même si les fondamentaux restent.
Des débuts tout en douceur mêlant mode solo et massivement multijoueur
Age Of Conan débute effectivement par la très classique, mais ô combien complète phase de création du personnage : il n'est bien sûr pas question d'incarner Conan qui trône (au propre comme au figuré) dans son palais d'Aquilonia alors que son royaume doit faire face à de multiples menaces. Homme ou femme, notre avatar peut appartenir à l'une des trois races principales qui peuplent le monde (Aquilonien, Cimmérien, Stygien). Ensuite, il convient de choisir parmi quatre catégories et douze classes, celles que l'on souhaite. Enfin, de nombreuses caractéristiques physiques sont sélectionnables afin d'obtenir un personnage absolument unique.
Nous commençons nos aventures en tant qu'esclave sur une galère. Heureux coup du sort, celle-ci ne tarde pas à faire naufrage et c'est donc à nouveau libre que nous retrouvons notre héros sur une des plages de l'île de Tortage. Cette première zone du jeu est en fait un gigantesque didacticiel qui permettra aux néophytes de se familiariser avec les principaux mécanismes du jeu. Les habitués n'auront cependant pas à se plaindre puisque l'ensemble est très structuré et on ne s'ennuie pas une seule seconde alors que les développeurs nous « parlent » des principales commandes, décrivent l'interface et explicitent le système de combat.
Ce dernier est effectivement l'élément clef du jeu, celui sur lequel compte beaucoup Funcom pour convaincre les nouveaux venus comme les vieux routards du MMO. Il faut effectivement savoir qu'un peu à la manière de Tabula Rasa, Age Of Conan tente d'insuffler la vie à ses affrontements afin de les rendre moins statiques que de coutume. Si le jeu de Richard Garriott n'y est pas parvenu, nous ne sommes ici vraiment pas loin du compte. Il est effectivement possible d'attaquer de face ou sur les côtés de son adversaire en choisissant parmi trois actions de base. Un système de parenthèses permet également de matérialiser la défense de l'ennemi et ainsi de frapper « là où ça fait mal » !
Très spectaculaires, les combats sont parmi les plus dynamiques jamais vus dans un MMO
Complété par de nombreuses capacités permettant de réaliser des combos (enchaînements de plusieurs coups) voire des « fatalités » (coup final souvent très gore), ce système est on ne peut plus efficace et n'importe quel joueur devrait vite se prendre au jeu. Les affrontements, au moins pour le corps à corps, sont parmi les plus vivants qu'il nous ait été donné de voir dans un MMO et ils permettent de dynamiser la quête la plus classique ! Des buffs et autres pouvoirs en tout genre sont évidemment de la partie, mais il faut reconnaître que les combats à distance et l'utilisation de la magie nous ont semblé tout aussi efficaces, mais un peu moins intéressants.
L'univers de Conan se prête davantage aux charges violentes d'un barbare qu'aux atermoiements des sorciers, mais n'exagérons toutefois pas les choses et de nombreux aventuriers s'amusent avec leur prêtre ou leur nécromancien. Ces classes tout à fait capables devront simplement faire attention à ne pas multiplier les rencontres quand un gardien ne se privera pas pour affronter deux, trois, voire quatre adversaires à la fois. Comme toujours dans ce genre de jeux, chacun trouvera midi à sa porte, mais pour notre part, ce sont clairement les combats au corps à corps qui ont nos faveurs d'autant que le tout se termine souvent en bain de sang, avec parfois même quelques éclaboussures sur l'écran !
Age Of Conan justifie ici le « 18+ » que l'on retrouve sur la boîte du jeu. L'univers d'Howard n'est pas tendre et la retranscription de Funcom ne l'est pas davantage. Funcom qui s'est d'ailleurs très bien débrouillé en restant au maximum fidèle à l'esprit du monde de Conan. Les différentes régions du monde, les créatures, les villes ainsi que les peuples ont tous été reproduits pour le plus grand plaisir des amateurs. Histoire de ne rien gâcher, les graphistes de Funcom ont d'ailleurs réalisé un excellent travail : l'ensemble est d'une beauté sans équivalent dans le monde des MMO avec des textures très fines, de remarquables effets sur les liquides et des animations souvent très agréables.
Les environnements extérieurs du jeu sont absolument splendides
Bien sûr, la contrepartie est la nécessité d'une machine puissante pour profiter convenablement du jeu (visez au moins le processeur double-cœur 2 GHz avec 2 Go de mémoire vive et une 7800GT pour le 1280x1024), mais chaque nouveau lieu est un émerveillement. Seuls les intérieurs sont souvent un peu en retrait, mais rien de catastrophique et cette remarquable réalisation participe beaucoup à l'immersion du joueur. Une immersion encore accentuée par le mélange solo / multi du début de partie. En effet, le didacticiel effectué, Funcom nous permet encore de participer à diverses quêtes solo réservées à notre seul personnage.
Hyborian pour attendre...[/anchor]
Ces quêtes ne sont pas obligatoires, mais offrent un scénario bien sympathique qui permet d'en apprendre un peu plus sur son personnage et de goûter le background élaboré par Funcom. On pénètre alors doucement, presque à son rythme dans le monde des MMO puisqu'il reste malgré tout possible de discuter avec les autres joueurs connectés. On découvre également de nombreux PNJ qui ne permettent pas de rendre le monde vraiment vivant, mais offre déjà quelque chose de plus scénarisé que de coutume avec des dialogues à choix multiples. Les conversations y sont d'ailleurs plutôt amusantes avec des passages franchement crus.
Hélas, il ne faut pas se leurrer et la scénarisation reste un leurre. Les différentes options lors des dialogues ne changent finalement rien à l'affaire et même en insultant copieusement un personnage, il sera toujours possible de réaliser la quête qu'il propose comme si de rien n'était. Même chose pour la partie « solo » des 20 premiers niveaux : celle-ci reste strictement identique que l'on incarne une barbare ou un nécromancien. Nous aurions évidemment aimé un peu de variété, mais il ne faut sans doute pas trop en demander. On devra d'ailleurs comme dans n'importe quel autre MMO se fader les quêtes de « facteur » ou les plus fastidieuses quêtes de collecte.
Les combos et autres techniques spéciales s'apprennent au fur et à mesure du jeu
Ces dernières restent toutefois moins gênantes que dans de nombreux concurrents grâce au rythme insufflé aux combats. Ceux-ci renouvellent constamment l'intérêt de ces missions certes variées, mais très classiques dans la forme. En outre, il nous faut parler d'un problème un peu plus gênant : Age Of Conan n'est pas (comme World Of WarCraft par exemple) constitué d'un monde d'un seul tenant. Au contraire, il est extrêmement instancié, imposant de nombreux chargements entre les zones et cassant un peu l'impression d'appartenir à un univers. En revanche, cela a permis aux graphistes de détailler beaucoup plus chaque zone donnant à chaque région un caractère, une identité vraiment unique.
Autre regret, la quête d'objets surpuissants ne semble pas fonctionner aussi bien que chez certains concurrents et les métiers tardent un peu à venir. Funcom a décidé d'opter pour une progression assez rapide des personnages (plus ou moins dix heures pour atteindre le niveau 20), mais a, en contrepartie, limité pas mal les choses à bas niveau. Il est ainsi possible de récupérer des matières premières dès le niveau 20, mais il faudra attendre le 40 pour les utiliser. Ce même niveau 40 permettra également d'obtenir une monture et c'est enfin lui qui permettra d'accéder au contenu le plus intéressant du mode Joueur contre Joueur (JcJ).
Tout ce dont nous avons jusqu'à présent parlé concernait effectivement le mode Joueur contre Environnement (JcE), mais Age Of Conan se veut le plus complet possible et Funcom a bien sûr intégré tout ce qui fait un bon MMO JcJ. Il y a tout d'abord la division par serveur et la possibilité (sur les serveurs JcJ) de se livrer à de véritables batailles ouvertes. Des combats en arènes sont également présents et, chose amusante, il est possible de combattre dans les tavernes : il s'agit ici de combats sans arme. À notre avis moins intéressants, les modes d'annihilation ou de capture du drapeau devraient heureusement être compensés par les fameux Royaumes Frontaliers.
La scénarisation de l'ensemble est appréciable, mais Funcom doit encore travailler la finition
Il s'agit ici de véritables zones ouvertes où les guildes seront beaucoup plus libres. Les différentes professions (architectes, bûcherons, tailleurs de pierres...) pourront mettre en commun leurs talents pour bâtir de véritables forteresses (avec de nombreux bâtiments) que les autres guildes devront, bien sûr, tenter de prendre d'assaut. Réservées aux personnages de niveau 40 et plus, ces fonctions ne nous sont pas encore accessibles et restent encore pour beaucoup à l'état de projet sur la feuille de route de Funcom. Un Funcom qui se donne au maximum afin de rendre son jeu le plus agréable possible et qui a déjà fait preuve de son ouverture d'esprit depuis la sortie du jeu.
Un jeu qui n'est toutefois pas exempt de défauts. Nous en avons déjà énuméré plusieurs, mais le plus important d'entre tous est sans aucun doute le manque de finition. À vouloir le sortir coûte que coûte après plusieurs retards, Funcom a ainsi « oublié » de doubler tous les dialogues qui suivent la partie sur Tortage. Il a également « oublié » de traduire nombre de lignes de texte restées en anglais. Citons également une interface perfectible avec un inventaire mal conçu ou une mini-carte peu pratique, mais n'oublions pas que ces problèmes ont toutes les chances d'être résolus et souhaitons bon courage à Funcom... Le studio norvégien le mérite.
Conclusion[/anchor]Malgré quelques reports, Age Of Conan ne déroge pas à la règle, commune à de nombreux jeux massivement multijoueur, qui veut que l'on commercialise un titre encore en développement. Dans certains cas, le résultat s'est avéré tout simplement catastrophique, mais ici les choses se passent heureusement beaucoup mieux. Funcom fait ainsi preuve de son expérience en la matière et nous propose un titre, certes à peaufiner, mais déjà très agréable à découvrir. La gestion des combats, principale innovation du jeu, tient toutes ses promesses et permet à Age Of Conan de se démarquer de la concurrence alors que l'aspect quête, quoique très classique, est suffisamment varié pour ne pas lasser même les habitués du genre. L'étonnante partie solo est une excellente entrée en matière pour les néophytes alors que la réalisation technique, de toute beauté, ne souffre que du double défaut de froideur / gourmandise. Age Of Conan est un titre exigeant niveau configuration, mais le rendra bien à ses abonnés à condition toutefois que Funcom tienne toutes ses promesses en terme de contenu haut niveau. Une bien belle réussite malgré tout !