En se représentant les relations entre l'entreprise et le modèle SaaS (Software as a Service), on peut imaginer un processus évolutif en trois étapes principales : la « zone de confort », « la révélation » et « la réévaluation ». En les observant, il est possible alors de décider des actions à entreprendre, lorsqu'il faudra choisir la manière de s'adapter aux nouvelles exigences informatiques de l'entreprise
La zone de confort
Observons d'abord l'entreprise dans son ensemble. Il est fort probable qu'elle manque de ressources et qu'elle cherche les équipes auxquelles elle confiera les projets informatiques les plus stratégiques de certains de ses services.
Et il y a le modèle SaaS - un modèle qui émerge dans de nombreuses entreprises. La plupart des grands acteurs SaaS par exemple Salesforce.com, dotent leurs produits d'un certain nombre de fonctions web. Connus également sous le terme « à la demande », ces acteurs facturent leurs clients sur la base de l'usage qu'ils font du produit. C'est une alternative particulièrement séduisante et efficace aux applications internes, car elle réduit de manière significative les risques et les coûts liés à l'implémentation d'un système CRM (et nous connaissons tous le taux de réussite des projets CRM).
Le SaaS possède un avantage non négligeable : il peut exister de manière complètement autonome dans l'entreprise - à l'instar du silo d'un missile balistique au sein d'un réseau militaire. Ce qui, vu de l'entreprise, est intéressant dans le SaaS, c'est qu'il permet aux collaborateurs 'métier' de travailler indépendamment des équipes informatiques, en n'ayant que peu souvent recours à elles. Il rend la vie plus facile pour la direction financière, qui n'est plus confrontée à des investissements massifs, mais à des règlement échelonnés.
Le SaaS offre une véritable « zone de confort » pour les départements opérationnels et le service informatique. Les premiers disposent sans délai d'une solution complète, et les seconds sont libérés de cette tâche lourde et coûteuse que représente l'implémentation d'un projet interne à grande échelle, ou le développement d'une application spécifique. Salesforce.com est très représentatif du succès de cette zone de confort, car cette solution de gestion des forces de ventes s'implémente rapidement, pour la plus grande satisfaction des équipes et de la direction. C'est, à ce niveau de la démarche, une solution « gagnant-gagnant ». Qui nous conduit à l'étape suivante : « la révélation »
La révélation
La première raison pour laquelle une entreprise adopte le SaaS est certainement le premier obstacle pour en tirer le meilleur parti. L'effet « silo » dont nous avons parlé plus haut implique que les applications à la demande sont déconnectées des autres applications fonctionnant dans l'entreprise. L'information qu'elles contiennent reste confinée. Dans le cas des applications CRM à la demande, les applications SaaS isolées peuvent être considérées comme une régression par rapport à l'entreprise conduite par processus, car elles sont antinomiques avec les buts des urbanistes et des analystes de processus métiers. L'entreprise, au départ heureuse de la manière dont se déroulent les tâches stratégiques, commence alors à se plaindre du manque d'efficacité du système global. Et si on y ajoute les problèmes qui suivent, une réévaluation drastique s'impose.
1- La carence d'automatisation qui résulte de la déconnexion de ces applications des systèmes d'entreprise implique de la duplication de données, des saisies manuelles, et des risques grandissants d'erreurs humaines. Chaque jour, des centaines d'heures sont perdues partout dans le monde.
2- Les services utilisant les applications à la demande s'enrichissent naturellement d'informations de haut niveau quantitatif et qualitatif. Les autres départements veulent naturellement pouvoir en disposer pour alimenter leurs propres applications.
3- Ce qui conduira certainement votre directeur informatique à renforcer la sécurité de ses systèmes et à leur assigner un responsable. Alors que cela n'était pas nécessaire dans la « zone de confort », la situation s'inverse complètement.
4- Enfin, plus votre application à la demande compte d'utilisateurs, plus vite vous serez conduits à réévaluer la structure des coûts de licence et d'abonnement.
La réévaluation
Maintenant, vous connaissez les avantages et les inconvénients liés aux applications SaaS. Il est temps de faire passer ces applications SaaS du niveau tactique départemental au niveau stratégique global de l'entreprise, pour supprimer les risques liés au travail en double et à l'exécution manuelle des processus, pour tirer le meilleur de ces applications et créer des structures de coût viables et profitables sur le long terme.
Voici les choix devant lesquels vous êtes placés :
1- Trouver une alternative à vos applications à la demande. Ceci signifie normalement revenir « à la normale », à vos applications internes, et perdre tous les avantages de SaaS. Hors de question.
2- Intégrer d'une manière ou d'une autre, ces applications à la demande à l'architecture globale de l'entreprise.
La valeur de l'intégration
L'intégration est à la base de toute recherche de valeur. Elle relie vos applications à la demande à votre infrastructure métier et leur permet de travailler efficacement ensemble. Grâce à l'intégration, les sociétés peuvent augmenter de manière significative la puissance et la portée de leurs applications, Salesforce.com, SAP, Oracle, Movex, etc. pour partager et maintenir à jour les informations au sein de l'entreprise. Lorsqu'une information est immédiatement disponible pour tous les acteurs, chaque fois qu'ils en ont besoin, tous les niveaux de l'entreprise possèdent une image complète et exacte de leur activité. Ils sont alors capables de prendre de meilleures décisions, de répondre de manière plus efficace aux besoins des clients et d'optimiser le retour obtenu sur toutes leurs transactions métier.
Infrastructure d'intégration contre code... Et si nous parlions code ? Les avantages de l'infrastructure d'intégration vis-à-vis d'un code personnalisé sont évidents. Ecrire un code est forcément plus risqué, car chaque instruction qu'il contient n'a pas été testée dans tous les cas de figures. Le codage est toujours plus statique que le paramétrage. Le code est également dépendant de son auteur. Si vous perdez votre programmeur après une année de travail, vous pouvez perdre votre projet. Il est vrai que l'écriture d'un programme personnalisé peut paraître une solution séduisante à un projet d'intégration, il ne faut pas perdre de vue que c'est une tâche longue, et difficile à faire évoluer en cas de modifications de l'architecture d'origine. Peu d'entreprises peuvent se payer le luxe d'attendre la fin d'un projet conduit de cette manière pendant que le marché évolue, que les processus métiers se modifient, que des nouvelles applications sont intégrées à l'architecture, et que tout ou partie du code doit être repensé. Le paramétrage est la garantie du dynamisme et de l'agilité des systèmes.
Conclusion
S'il est vrai que le mot « intégration » peut effrayer la plupart des utilisateurs de SaaS et de leurs équipes informatiques, les avantages qu'ils en retireront annuleront ces craintes. Comme dans toute industrie, il y aura toujours des fournisseurs pour vous promettre une intégration si simple qu'il suffirait, pour la mettre en place, d'appuyer sur un bouton. Il est essentiel de choisir un fournisseur capable de conjuguer l'expérience des projets, l'efficacité des outils et la puissance de la technologie. Un fournisseur capable de prendre en compte les exigences de vos retours sur investissements. Alors, et alors seulement, l'intégration de votre projet SaaS au sein de votre système d'information sera capable de tenir toutes ces promesses.
Luc Simon, directeur technique de Magic Software