« Notre objectif était vraiment d'essayer de conférer une âme à la machine », nous explique, non sans emphase, Nat Southworth, en charge du marketing chez Ugobe, la société qui produit Pleo. « Le système d'exploitation qui anime Pleo s'appelle d'ailleurs "Life OS", un nom qui témoigne de notre volonté de changer le rapport unissant aujourd'hui l'humain au monde de la robotique ».
Comment reproduire la vie ? Plutôt que d'instiller à Pleo la capacité d'effectuer des prouesses techniques, ses concepteurs ont choisi de se concentrer sur l'affect. Bardé de capteurs, Pleo réagit aux caresses, ainsi qu'aux stimuli oraux : il prend un air contrit lorsqu'on élève la voix, et manifeste sa joie si on lui gratte la tête. Il couine lorsqu'on le prend par la queue, se rappelle à votre attention si vous le délaissez trop longtemps, boude, tousse et se permet parfois de renâcler lorsque vous sollicitez un tour de sa part. Enfin, Pleo évolue : l'heure qui suit sa première route est ainsi assimilée à une phase de « naissance », lors de laquelle il découvre son environnement. Vient ensuite la période « enfant en bas âge », où il s'ouvre plus largement au monde, puis « l'adolescence », phase terminale lors de laquelle Pleo va affiner son caractère en fonction des interactions de l'utilisateur et commencer à manifester des humeurs.
Animé par deux microprocesseurs principaux, assistés de quatre processeurs auxiliaires, Pleo embarque quatorze moteurs, huit capteurs de contact, quatorze détecteurs de réaction à la force chargés de régir le fonctionnement de ses articulations, un capteur d'inclinaison, un capteur infrarouge, et une petite caméra lui permettant de repérer les objets et de les éviter. Au total, plus de deux mille pièces, assemblées sous une peau de caoutchouc couleur camouflage. Une batterie NiMH lui assure environ 1h30 d'autonomie, pour 3h30 de recharge.
Une cinquantaine de personnes, réunies à San Francisco, ont participé à ce développement, dont le principal défi a été d'articuler la partie physique, détection et motorisation, à l'élément logiciel, tout en conservant à l'esprit l'objectif initial : tenter de reproduire l'attitude d'un être vivant.
« Nous avons justement choisi un dinosaure parce que nous n'avons aucune référence valable à ce sujet. On ne sait pas comment se comportait un jeune dinosaure, ça laisse place à l'imagination. Calquer notre robot sur un chaton ou un chiot aurait été bien plus délicat, dans la mesure où les gens se seraient attendus à retrouver des comportements qu'ils ont déjà pu observer chez des vrais êtres vivants », commente Nat Southworth.
« Life OS », le système d'exploitation qui anime Pleo, est aujourd'hui un environnement propriétaire, protégé par une série de brevets, mais Uglobe ambitionne d'en rendre les sources accessibles à tous dans un avenir proche, de façon à fédérer une communauté autour du développement d'applications pour Pleo. Equipé d'un port mini-USB, ainsi que d'un lecteur de cartes SD, Pleo est en effet en mesure d'apprendre de nouveaux comportements, via une mise à jour de son système ou l'intégration de nouveaux « scripts ». « Le champ des possibles est quasiment infini », sourit Southworth, qui se laisse à évoquer des fonctionnalités comme la reconnaissance faciale des « maîtres » de Pleo, via la caméra embarquée au niveau de sa gueule.
55.000 pièces auraient été vendues depuis son lancement aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, en décembre 2007, et Ugobe caresse l'espoir d'atteindre ou dépasser le cap des 200.000 d'ici la fin de l'année. En France, Pleo fera son entrée courant août dans quelques enseignes prestigieuses, dont le magasin parisien Colette, avant d'intégrer les rayons d'un distributeur qui pourrait être la Fnac. Son prix devrait graviter aux alentours de 300 euros : une somme relativement élevée, mais qui reste raisonnable selon Ugobe au vu des investissements consentis.