A quelques jours de la fin de son mandat, paul-champsaur, président de l'Arcep, n'hésite pas à employer un vocabulaire peu diplomatique à l'égard des grands opérateurs français. Dans un entretien avec Gaëlle Macke pour la magazine Challenge, ce dernier qualifie en effet les opérateurs cellulaires « d'oligopole serré », s'oppose clairement au gouvernement sur le choix de la quatrième licence 3G et surtout tacle France Telecom sur l'épineuse question du déploiement de la fibre optique.
« Sur la partie terminale dans les immeubles, (France Télécom) veut imposer sa solution : la pose d'une fibre unique à laquelle se raccorderaient les concurrents. Cela pourrait en handicaper certains, tel Iliad-Free qui utilise une autre technologie. Nous proposons de tester un compromis, [..] la pose de fibres en surnombre. » explique Paul Champsaur.
Même si le déploiement « horizontal » (dans la rue) de la fibre optique avance bien, avec près de 3 millions de foyers théoriquement raccordables, son déploiement « vertical » (dans les colonnes des immeubles) butte depuis déjà 18 mois sur des problèmes techniques qui masquent des affrontements commerciaux entre France Telecom et Iliad/Free.
Le premier, associé à SFR, a jusqu'à présent opté pour un déploiement d'une seule fibre, censée être mutualisée entre les différents foyers d'un immeuble, y compris ceux optant pour des opérateurs concurrents. De son côté, Free propose déjà la solution préconisée par l'Arcep et attend un accord commercial avec France Telecom sur la location des fibres optiques verticales entre les opérateurs. « Je m'interroge sur les raisons du blocage depuis l'été, par l'opérateur historique [...] ce blocage entretenu freine le branchement effectif des domiciles. » ajoute Paul Champsaur.
Attaqué frontalement, France Telecom n'a pas tardé à réagir. En milieu de matinée, l'opérateur a publié une « mise au point » dans laquelle Il rappelle son engagement depuis janvier 2006 dans le déploiement de la fibre optique. »
« Un accord est ainsi intervenu en septembre dernier avec SFR. Cet accord prévoit d'expérimenter, sur une partie limitée du territoire, tant la solution monofibre (une seule fibre est posée pour chaque client) que la solution multi-fibre (quatre fibres par client). Le Président de l'ARCEP a salué à plusieurs reprises la conclusion de cet accord. [...] Free a refusé juqu'à présent les propositions d'accord qui lui ont été faites, en exigeant le déploiement systématique de la solution multifibres non encore expérimentée et en privant largement les habitants des immeubles fibrés par ses soins, notamment à Paris, de la liberté de choisir un autre opérateur. » argumente pour sa part France Telecom qui rappelle également que Free est déjà parvenu à raccorder ses clients dans des immeubles fibrés par Orange selon la solution monofibre...
Le président de l'Arcep serait-il juge et partie ? Toujours est-il que cette sortie médiatique devrait jeter un pavé dans la marre des télécoms françaises et pousser le prochain président de l'Arcep, qui devrait être nommé en janvier 2009, à régler cette question du déploiement vertical de la fibre optique afin que les ménages français puissent enfin, dix ans après l'arrivée de l'ADSL, goûter aux joies du très haut débit....