La fée céleste...
Dans un futur que l'on imagine relativement proche, les libertés individuelles ne sont plus qu'un souvenir. La plupart des gens y ont renoncé contre la promesse d'une vie bien tranquille, sans encombre. La plupart car il subsiste quelques individus vivant plus ou moins en marge de la société et qui, pour leurs communications, ne peuvent faire confiance aux réseaux traditionnels. Ils font donc appel à des coursiers d'un genre nouveau, les « Messagers ». Vous vous en doutez, c'est bien sûr l'un de ces messagers que l'on incarne, en l'occurrence la jeune Faith qui après un petit accident revient au « service actif ». Le petit accident en question n'est en fait qu'une pirouette des scénaristes afin de débuter le jeu avec le classique didacticiel : Faith revenant de blessures, il lui faut une petite remise à niveau dont se charge Céleste, une autre messagère.Au travers d'un prologue sans grande originalité, nous apprenons donc à contrôler Faith car autant le dire tout de suite, Mirror's Edge se distingue par un gameplay bien différent de ce à quoi nous sommes habitués. Le titre est une sorte de jeu d'action / plateforme dans lequel il faut utiliser certains éléments du décor pour passer de gratte-ciel en gratte-ciel, échapper à ses poursuivants ou atteindre des zones de prime abord tout à fait inaccessibles. Ce style de jeu particulier rappelle un peu Assassin's Creed, mais s'avère nettement plus exigeant du côté du joueur. Comme vous pouvez le voir sur nos vidéos, on repère assez facilement les éléments du décor avec lesquels une interaction est possible (encore que l'on peut désactiver ce que les développeurs nomment le « sens urbain »), il faut cependant plus d'adresse que dans le titre d'Ubisoft pour exploiter ces éléments.
Il ne faut du reste pas trop compter sur les mécaniques de jeu pour nous venir en aide : contrairement aux titres récents, l'assistance est ici assez faible et en plus du « sens urbain », le joueur peut simplement compter sur une fonction qui lui permet d'avoir une idée de la direction qu'il doit suivre. Mais revenons-en au scénario du jeu avant d'éclairer le gameplay du jeu. En tant que coursier, Faith doit livrer des lettres ou des petits paquets à travers la ville. Ses contrats, elle les obtient via un responsable avec lequel elle est toujours en contact et qui n'hésite pas à la guider dans sa mission. C'est justement l'une de ces missions « ordinaires » qui tourne mal et alors que Faith doit se rendre chez un politicien très prometteur, elle se trouve nez à nez avec sa sœur jumelle... et le cadavre dudit politicien !
Faith s'enfuie non sans avoir promis à la sœurette qu'elle ferait tout pour lui venir en aide : accablée par les preuves, la jumelle est effectivement rapidement accusée du meurtre et Faith se doit donc de faire la lumière sur cette affaire. Pour cela, il lui faut mener l'enquête et, tour à tour, poursuivre un ancien messager, se rendre dans les bureaux d'un catcheur reconverti ou encore se glisser à l'intérieur d'un navire cargo. Ces différents objectifs font avancer un scénario auquel on a cependant du mal à s'attacher. Alors que le synopsis était plutôt bien trouvé et prometteur, le déroulement de l'histoire est beaucoup plus convenu. Les développeurs ont intégré des cinématiques afin d'apporter un peu de « liant » à l'ensemble, mais le résultat n'est hélas pas du tout à la hauteur, et ce, pour deux raisons.
Si les ennemis sont coriaces, l'environnement est le plus terrible des adversaires
Tout d'abord, ces séquences ont un style graphique particulier qui jurent avec celui adopté pour le déroulement du jeu. En outre, le doublage français est pour le moins critiquable. Durant les missions, cela ne pose guère de problème, les voix de Faith et de son contact sont correctes, mais durant les cinématiques, le résultat est plus discutable et nombre de joueurs auront tendance à zapper ces séquences. Tant pis pour l'immersion scénaristique ! Heureusement, en terme de gameplay, le bilan est beaucoup plus positif. Saluons d'abord la performance des développeurs car malgré la vue subjective adoptée, le jeu n'est jamais confus comme vous pouvez, une fois encore, vous en rendre compte au travers des vidéos. Les aides de jeu sont à ce sujet très bien trouvées et permettent 1/ de n'être que rarement perdu et 2/ de maintenir le rythme de l'action durant les moments les plus chauds.
Faith... No more ?
Ce rythme de l'action est sans doute l'élément le plus frappant et le plus réussi du jeu. Les différentes scènes durant lesquelles Faith doit fuir face à un hélicoptère ou à un groupe de policiers sont très impressionnantes et poussent le joueur à aller de l'avant. Durant ces séquences, les mouvements sont assez basiques, mais toujours très efficaces : il s'agit d'enchaîner les sauts, les glissades, les courses en s'appuyant sur les murs ou les roulades pour ne pas retomber trop lourdement au sol. Histoire de varier les plaisirs et de ne pas saturer le joueur, les développeurs ont toutefois intégré différentes séquences davantage axées « réflexion ». Il s'agit par exemple d'actionner quelques interrupteurs, de trouver son chemin au milieu d'un puits de construction ou de trouver comment franchir des obstacles tels que des clôtures électrifiées.De temps à autres, Faith doit également se battre avec quelques ennemis. De manière générale, on cherchera plutôt à éviter ces affrontements qui ne vont pas trop dans la logique du personnage, mais il est parfois plus « simple » de se la jouer baston. Ces combats se rapprochent des Quicktime Events et il s'agit surtout d'appuyer sur la bonne touche au bon moment afin d'éviter une attaque de l'ennemi ou de le désarmer. En ayant enchaîné quelques courses / sauts, le joueur peut même activer une sorte de bullet time qui vient ralentir l'action et ainsi faciliter les combats. Des combats qui peuvent tourner à l'affrontement armé si Faith ramasse l'arme de ses adversaires. Mirror's Edge n'est toutefois pas un FPS et ces séquences ne sont pas forcément les plus réussies avec, en particulier, un ciblage des ennemis pour le moins permissif.
Collecte des sacs pour allonger la durée de vie et gestion PhysX sont au programme
Permissivité que l'on ne retrouve pas dans les actions « acrobatiques », le cœur du jeu. Ainsi, les sauts demandent de la précision, de même que les enchaînements pour atteindre certains lieux. Dans l'ensemble, la prise en main est remarquable, mais Mirror's Edge est un titre exigeant côté joueur, surtout lorsque la difficulté est mise au maximum. Certains risquent d'être frustrés en ratant le toit du métro d'un demi-millimètre ou en étant contraint de recommencer la même séquence cinq fois de suite, mais cela fait aussi le charme du jeu. L'aventure achevée, il est d'ailleurs possible de se lancer dans les défis et d'enregistrer ses chronos afin de les comparer à ceux de ses amis. Un mode de jeu qui compense un peu le problème essentiel du jeu : sa durée de vie. Même en difficulté élevée, un habitué boucle la campagne en six à huit heures selon qu'il s'amuse ou qu'il fasse dans l'efficacité. Lorsqu'un titre est aussi court, il faut que le concept soit parfaitement maîtrisé et ce n'est pas tout à fait le cas avec Mirror's Edge.
L'impression d'être sur « des rails » est forte et la sensation de liberté limitée. On regrette également que l'existence de plusieurs chemins pour avancer ne soit pas plus marquée alors que les décors auraient gagnés à être plus variés. Enfin, les combats auraient mérité d'être davantage travaillés. Sur le plan technique, et malgré la répétitivité des décors, Mirror's Edge est une réussite. Il s'agit bien sûr d'une question de goûts, mais nous avons été conquis par le style graphique fait de couleurs peu nombreuses et très contrastées. Notons également que la version PC écourte les temps de chargement et que le crénelage présent sur consoles a pour ainsi dire disparu. La fluidité n'est pas en reste, et ce, même sur une machine modeste (PIV 3,2 GHz / GeForce 8800 GT) à condition de disposer de 2 Go de mémoire vive.
Parlons enfin de LA nouveauté de cette mouture PC : la prise en charge du PhysX de NVIDIA. Technologie propriétaire axée sur les effets, cette gestion de la physique ne permet pas de révolutionner le « gameplay », mais elle renforce encore l'ambiance du jeu en ajoutant donnant plus de présence à la fumée par exemple. En de nombreux endroits, des rideaux apparaissent pour « meubler » les lieux et les voir se déchirer sous le feu des policiers est sympathique de même que d'assister à l'éclatement des vitres. S'ils restent gadgets et ne sauraient justifier l'achat d'une carte dédiée, ces effets apportent un petit plus bien sympa alors qu'ils ne sont pas aussi lourds qu'on pouvait le craindre : techniquement, il faut au minimum une carte NVIDIA GeForce 8xxx pour en profiter, mais nous vous conseillons d'employer une carte de type GTX2xx pour conserver un bon niveau de fluidité.
Conclusion
De plus en plus nombreux, les jeux adaptés des consoles ne réussissent pas souvent à nos PC. Heureusement, dans le lot, il existe de bonnes surprises et Mirror's Edge en fait partie. Sans changer fondamentalement les choses, le titre de DICE nous propose effectivement une réalisation plus aboutie avec, notamment, la disparition du crénelage Playstation 3 / Xbox 360. Les temps de chargement profitent également de la puissance de nos PC et les joueurs ont le choix entre la manette de jeu et le couple clavier / souris. Pas de miracle cependant et les gros défauts des versions consoles sont toujours présents. La progression du joueur (à force d'échecs) reste assez frustrante, les environnements ainsi que les actions sont répétitifs et, enfin, la durée de vie est un rien faible. Des problèmes que l'on ne peut passer sous silence, mais qui ne doivent pas vous empêcher de goûter à cette aventure originale... En attendant une suite plus aboutie !Mirror's Edge nécessite une connexion Internet pour procéder à l'activation du jeu.
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