Dans un entretien accordé à Telegraph.co.uk, Dan Houser est revenu sur son travail d'écrivain dans le jeu vidéo. Co-fondateur de Rockstar, il est notamment l'auteur de Grand Theft Auto 4 et de Grand Theft Auto 4 : The Lost And Damned pour ne citer que les plus récents. Il évoque, entre autres, sa façon de travailler, les envies de Rockstar concernant la série GTA, l'éternelle démystification de l'American Dream dans ses jeux ou encore l'intérêt du contenu additionnel pour une série comme GTA. On ne reviendra ici que sur quelques propos, soulignés fort justement par nos confrères de Kotaku. A la question « Quand pensez-vous que les auteurs de jeux vidéo auront le même respect que ceux du cinéma ou de la télévision ? », le bonhomme répond :
« J'espère que cela prendra du temps. C'est vraiment bien en ce moment parce qu'il n'y a pas d'Academie du jeu et le média n'est pas codifié. Il n'y a pas de manière correcte de faire quelque chose, donc nous prenons énormément de plaisir parce que nous pouvons faire ce que nous voulons tant que nous progressons. Les films, la télévision et les livres sont devenus si structurés dans leur approche des choses. Ne pas travailler dans cet environnement nous donne énormément de liberté. Je préférerais garder la liberté et ne pas avoir le respect. »
On peut être d'accord ou non avec son analyse, qui ne reflète après tout que le point de vue d'un des fondateurs de Rockstar, sorte d'électron libre (et milliardaire) du jeu vidéo, mais force est de reconnaitre qu'elle tranche avec le discours habituel des puissants de ce média. Entendre un auteur de jeu vidéo ne pas se réclamer du septième art est aujourd'hui surprenant, la plupart des créateurs semblant jusqu'alors chercher la proximité la plus totale avec le cinéma. Signifier aujourd'hui que le jeu vidéo n'a pas besoin de son éternel modèle pour évoluer est en effet salutaire pour la création vidéo-ludique, en quête depuis sa création d'une identité et d'une légitimité propre. A la manière de créateurs comme Hideo Kojima (la série Metal Gear) ou Suda Goichi (Killer 7, No More Heroes...), Dan Houser explique en fait par ces mots que le jeu vidéo, en plus d'une légitimité économique aujourd'hui indéniable, possède une identité créatrice forte et tout à fait valable par rapport à d'autres pratiques dites « plus nobles ». Voilà qui est bon à entendre en ce moment...