Des rivaux d'IBM accusent Big Blue de freiner la concurrence sur le segment des serveurs mainframe, systèmes centraux pour grandes entreprises et administrations.
Une chose est sûre, IBM domine le marché mainframe depuis sa création, il y a une quarantaine d'années. Aujourd'hui, la firme d'Armonk, New York, génère un quart des revenus annuels, environ 100 milliards de dollars, issus des ventes de matériel, logiciels et services associés.
D'où vient la polémique ? IBM a fait l'acquisition en juillet dernier de l'éditeur californien Platform Solutions Inc (PSI) pour la somme de 150 millions de dollars. Or, en décembre 2007, PSI avait déposé plainte, sans succès, contre la multinationale, arguant que celle-ci refusait de fournir des informations nécessaires à la conception de produits compatibles avec ses propres systèmes. PSI fournissait des logiciels à même de faire de serveurs standards des systèmes capables de remplacer les coûteux mainframes d'IBM... Le projet a été abandonné.
Dans le même ordre d'idée, Big Blue a refusé de renouveler un contrat de licence avec Fundamental Software, qui lui aussi fournit des logiciels d'émulation pour serveurs mainframe. Dans ce contexte, souligne le New York Times, la CCIA (Computer and Communications Industry Association), organisation qui compte parmi ses membres Microsoft, Oracle, Red Hat, Google et Yahoo, a parlé « d'une tentative évidente de la part d'IBM d'acheter une société dans le seul but de freiner la concurrence sur le marché mainframe et de protéger sa vache à lait au détriment des consommateurs. »
Enfin, T3 Technologies, ex-revendeur des logiciels PSI, a déposé en janvier 2009 un recours antitrust devant la Commission européenne. IBM, qui affirme respecter la concurrence, aurait engagé des pourparlers pour acquérir Sun Microsystems 6,5 milliards de dollars. Une telle opération permettrait à IBM de conforter sa domination du marché des serveurs et de se placer en position de monopole sur le segment des solutions de stockage utilisées par les mainframes.