En Suède, la loi régulant les usages de l'Internet et dictant les mesures antipiratages est l'IPRED (Intellectual Property Rights Enforcement Directive). Entrée en vigueur au premier avril, cette mesure autorise les ayants-droits à obliger les fournisseurs d'accès à Internet à partager les détails du trafic des utilisateurs.
Selon ces statistiques, révélées par les agences gouvernementales, 8% de la population utiliserait un logiciel peer-to-peer. Par ailleurs, si l'on se réfère aux chiffres publiés par la firme suédoise Netnod, spécialisée dans la mesure du trafic Internet, ce dernier aurait baissé de 120Gbps à 80Gbps le jour de l'entrée en vigueur de la loi. Interrogé à ce sujet par la BBC, Christian Engstrom, vice-président du parti Pirate suédois explique : « aujourd'hui l'on observe une véritable réduction du trafic Internet. Mais si l'on regarde les autres pays, un phénomène similaire s'est produit puis le trafic a augmenté par la suite ». M. Engstrom ajoute que cela pourrait s'expliquer par le fait que les gens : « nécessitent quelques semaines avant de comprendre comment changer leurs options de sécurité afin de procéder à des partages de fichiers de manière anonyme ».
Tout comme dans l'Hexagone, l'application de cette loi est sujette à de nombreux débats. D'un côté, Kjell Bohlund, président de l'Association des éditeurs Suédois, affirme : « avant le 1er avril, la seule chose que nous pouvions faire était de partager des informations sur le téléchargements illégaux avec la police, mais ils restaient peu enclins à suivre l'affaire ». M. Bohlund ajoute : « maintenant nous avons la possibilité de forcer les FAI à révéler les informations sur une adresse IP particulière ».
Pour sa part, Christian Engstrom estime que la loi affecte la balance des pouvoirs : « c'est à la police de traiter les affaires de partage illégaux de fichiers. C'est à eux de faire appliquer la loi. Désormais nous avons des sociétés privées qui se donnent le droit de poursuivre les citoyens. Ce n'est pas comme cela que fonctionnent les démocraties occidentales ».
Ce soir, l'Assemblée nationale devrait voter la loi Hadopi.