A l'issue d'une réunion avec les opérateurs, mardi, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Claude Mallet ont précisé l'état d'avancement du déploiement de la fibre optique en France. Le très haut débit chez vous, hors exceptions, ça n'est pas pour demain !
« On est sur un truc qui va durer minimum 10 ans. N'oubliez pas que les expérimentations ont commencé en janvier 2009 et que nous ne sommes qu'en avril », a déclaré Jean-Claude Mallet, président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), lors d'un point presse à l'Hôtel de Broglie, Paris.
Au 31 décembre 2008, d'après les chiffres communiqués ce jour par le régulateur, sur la partie verticale, 20.500 immeubles étaient raccordés à au moins 1 opérateur, soit quelque 550.000 foyers éligibles aux offres à très haut débit en fibre optique jusqu'à domicile (FTTH). Par ailleurs, entre 3 et 4,5 millions de foyers habitaient à proximité de déploiements en fibre optique sur la partie horizontale. Ces déploiements sont majoritairement le fait de l'opérateur historique, France Telecom, et de Numericable. Les autres opérateurs du secteur, Free Infrastructure, SFR et Sequalum (92), ont annoncé des investissements « significatifs » dans le domaine.
Concernant la poursuite du déploiement, des divergences existent entre opérateurs en termes techniques (point à point/passif optique/mixte) et stratégiques, notamment sur les problématiques relatives à la couverture du territoire. Dans un document d'orientations (pdf) ouvert à consultation jusqu'au 30 avril 2009, l'Arcep propose une définition précise des zones très denses et peu denses.
Les premières pourraient être qualifiées de « zones à forte concentration de population, où il est techniquement possible à plusieurs opérateurs de déployer leurs propres infrastructures, en l'occurrence leurs réseaux de fibre optique, au plus près des logements. En d'autres termes, il est possible qu'il y ait dans ces zones, plusieurs réseaux capillaires déployés en parallèle. A priori dans la majorité de ces zones, les principaux acteurs du marché ont préparé ou engagé des déploiements. » On pense notamment à Paris, Lyon et Marseille. En dehors des zones très denses, l'Arcep s'est déclarée favorable à la création « d'un grand réseau mutualisé ouvert ». Un groupe de travail devra rendre ses premiers retours sur le sujet, fin juin ou début juillet 2009.
Par ailleurs, conformément à la loi de modernisation de l'économie, le point de mutualisation (principalement en pied d'immeuble dans les zones très denses) doit se situer en dehors de la propriété privée, hors exceptions que l'Arcep devra définir. Enfin, sur l'ensemble du territoire, le partage des rôles entre opérateur d'immeuble et opérateur commercial devrait être la règle.
« La démarche engagée est progressive, elle implique opérateurs, pouvoirs publics et collectivités territoriales », a résumé Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à la prospective et au développement de l'économie numérique, auprès du Premier ministre. Jean-Claude-Mallet, pour sa part, a réaffirmé vouloir donner une chance - une chance de s'exprimer - à chacune des stratégies et des technologies privilégiées par les opérateurs.
Il reste une inconnue de taille pour l'ensemble des acteurs de la fibre optique en France : le retour sur investissement (ROI).