Le rachat surprise du fabricant Sun par le spécialiste des logiciels d'entreprise et base de données Oracle fait couler beaucoup d'encre. Même si les analystes s'accordent sur les potentielles synergies entre les deux groupes autour de Solaris, MySQL et Java, les spéculations vont bon train concernant l'avenir du volet hardware.
Pour Stefen Ried, analyste spécialisé dans les plates-formes métiers pour le cabinet Forrester, « l'intégration de Sun se fera essentiellement par ses trois produits (phares) » : le système d'exploitation UNIX Solaris, la base de données open source MySQL et le language de programmation Java. Un avis, d'ailleurs partagé par Philippe Nieuwbourg du webzine Decideo, qui y voit « surtout (un) retour de l'intégration matériel-logiciel. Oracle sera après la validation de cette acquisition, constructeur de serveurs, éditeur de système d'exploitation, de bases de données, de logiciels applicatifs d'entreprise, de logiciels bureautiques et de composants open source... une offre complète à laquelle
il ne manquerait plus que les PC, ou les netbooks (rien ne semble exclu) », se plait-il à rappeler. « Oracle peut maîtriser la totalité de la chaîne de valeur, jusqu'aux couches basses de la fabrication d'infrastructure de cloud computing », insiste pour sa part, Mathieu Poujol, analyste senior chez PAC.
Encore plus loin, Olivier Rafal du Monde Informatique, n'hésite plus. Il considère désormais « qu'Oracle dépasse IBM en termes de couverture technologique, Big Blue ne proposant pas de progiciels de gestion intégrés (ERP) ».
Reste qu'Oracle se fabrique des doublons avec le rachat de Sun. Soit le groupe décide de proposer des offres packagées, avec serveurs, solutions de stockage et solutions intégrées, « histoire de développer une offre de type cloud computing », explique Stefen Ried de Forrester. Soit il décide de revendre l'activité hardware de Sun. Certains noms comme Fujitsu ou encore HP, grand perdant de cette opération, ont été timidement évoqués. « Oracle pourrait éventuellement avoir un intérêt à conserver la technologie de datacenters packagés sous forme de containers », se risque à dire Henry Peyret, analyste chez Forrester. Un avis partagé par Andy Butler, de Gartner, qui pense « qu'il y a des chances qu'Oracle cherche à se débarrasser d'une partie du catalogue de Sun ». Que fera-t-il par exemple de la base de donnée open source MySQL, jusqu'alors concurrente, problématique et envahissante ?