Emmanuel Meriot, directeur général France d'Autonomy, éditeur anglo-américain de technologies de recherche pour l'entreprise, précise la stratégie de la société sur un marché où s'activent des acteurs comme Exalead, Sinequa, Polyspot et Antidot.
AB - Quel est votre sentiment sur l'accélération de la consolidation du marché des solutions de recherche pour l'entreprise ?
EM - La valeur réelle ne consiste pas simplement à récupérer de l'information et à la mettre sur l'écran d'un être humain pour qu'il puisse la lire, l'analyser et ensuite prendre les mesures appropriées. Le véritable challenge est aussi d'avoir à sa disposition une technologie capable de donner du sens à cette information et de la traiter automatiquement en temps réel. C'est le principe fondamental sur lequel Autonomy a été fondée il y a 13 ans et qui lui a permis de croitre aussi rapidement.
Autonomy est le la référence du marché du logiciel d'infrastructure et de la recherche pan-entreprise. Pour autant, la recherche n'est qu'une des 500 fonctions offertes par Autonomy à ses clients. Au cours des 6 dernières années, nous avons été témoins d'une explosion des informations non structurées plus en phase avec le comportement humain naturel - chats, téléphones, web 2.0, etc. - et de la nécessité de la traiter en temps réel. Plus récemment, nous avons assisté à la croissance du monde de la réglementation, à une prise de conscience : les fraudes sont souvent cachées dans les informations non structurées. De ce fait nous avons vu naître environ 40 nouvelles réglementations relatives au stockage de l'information.
Le besoin de traiter cette information dite non structurée est essentiel et va bien au delà de la recherche d'entreprise. Elle fait partie intégrante de la gamme d'applications indispensables au bon fonctionnement d'une entreprise. La technologie d'Autonomy apporte du sens à toute information structurée et non structurée indépendamment du format de données, du contenu, de la langue ou de la situation géographique. Elle permet aux ordinateurs de cartographier le monde des humains, plutôt que l'inverse. Il s'agit de la plus grande révolution que l'industrie informatique ait connu au cours des 40 dernières années.
AB - Comment s'est déroulée l'intégration d'Interwoven au sein d'Autonomy ?
EM - Avec l'acquisition d'Interwoven, Autonomy est en train de redéfinir la façon dont plus de 2000 entreprises globales interagissent avec le Web et comment les grands cabinets d'avocats et les organisations gouvernementales découvrent, analysent et gèrent l'information et les interactions qui en découlent. L'intégration d'Interwoven est en avance par rapport à nos prévisions et dépasse nos attentes. Nous avons publié un certain nombre d'annonces dans ces domaines au cours des dernières semaines.
Le cœur de l'infrastructure des logiciels d'Autonomy, la plateforme IDOL (Intelligent Data Operating Layer), est d'ores et déjà embarquée dans Autonomy iManage, produit phare destiné aux cabinets d'avocats, et est disponible pour iManage WorkSite et iManage Universal Search. IDOL est également la technologie de base de TeamSite (gestion de contenu web). L'intégration d'IDOL dans TeamSite est une étape importante dans la commercialisation de nouveaux outils. Ces derniers aident les structures marketing à comprendre le sens de leurs données et à capitaliser sur toute forme d'information.
AB - Quels sont les atouts d'Autonomy sur le marché français par rapport à des éditeurs locaux comme Exalead, Sinequa et Polyspot ?
EM - Aujourd'hui, le marché de la recherche d'entreprise se sépare en 3 : au plus bas de la gamme, on trouve des produits de recherche d'entreprise par mots clés qui peuvent être obtenus gratuitement. Il y a ensuite des produits qui peuvent se connecter à un maximum de 10 référentiels, et on compte environ 5 fonctions disponibles. Cependant, les gens réalisent aujourd'hui qu'il est essentiel d'avoir une technologie qui puisse être connectée à 400 différents référentiels. En même temps, elle doit pouvoir rester en vigueur avec les politiques de conformité existantes dans l'entreprise et offrir une fonctionnalité de gouvernance indépendamment de la langue utilisée. Autonomy se situe sur ce marché.
En outre, notre succès repose sur un technologie dite de Meaning Based Computing. De nos jours, avec l'augmentation du volume des informations échangées, les entreprises cherchent une seule et unique plateforme pour combler leurs besoins informatiques. C'est ici qu'Autonomy se détache du reste. Nous offrons non seulement une solution de recherche pan-entreprise mais aussi une large gamme de solutions dédiées à l'e-discovery (recherche de données), au BPM (gestion des processus métiers) voire aux centres d'appels.
Cette année le chiffre d'affaires d'Autonomy a atteint les 750 millions de dollars, soit une croissance de 50% sur un an. Par ailleurs, le budget R&D de l'entreprise dépasse les 100 millions de dollars par an. Selon IDC, Autonomy domine le marché de la recherche pan-entreprise. J'insiste, si une entreprise cherche une simple solution de recherche par mots clés, les outils comme Google, Microsoft SharePoint ou Lucene sont suffisants. Cependant, dès lors que leurs besoins deviennent plus sophistiqués, Autonomy est l'acteur de référence.
AB - Quel est le budget moyen d'un projet tel que celui engagé entre France 24 et Autonomy en 2008 ?
EM - Nous discutons de projets spécifiques seulement avec l'accord du client, mais en moyenne, l'on peut dire que notre technologie est modulable et infiniment évolutive. La tarification dépend donc des fonctionnalités qu'un client achète, du nombre d'utilisateurs et du volume de documents à gérer. A titre d'exemple, notre prix de vente moyen est d'environ 400.000 dollars pour 4 fonctionnalités et 4 connecteurs/utilisateurs. A noter qu'Autonomy propose plus de 500 fonctionnalités différentes. Les plus gros clients d'Autonomy ont acheté chacun environ 40 fonctionnalités et le plus puissant de nos clients a acheté 70 millions de dollars de produits.
AB - A vos yeux, comment va évoluer le marché ces prochaines années ?
EM - Les 40 premières années de l'industrie ont été dédiées à l'organisation des données à l'intérieur des structures rigides de bases de données relationnelles. Et même si ce modèle s'est révélé extrêmement puissant, il nécessite une approche logique de la gestion de l'information. Les êtres humains sont plus à l'aise avec une approche de l'information non structurée, ils ne communiquent pas dans des rangées ou des colonnes, mais par le biais du téléphone, l'email, la messagerie instantanée... Nous parlons d'une nouvelle ère de la technologie où nous ne sommes plus contraints de ranger les informations par colonne ou rangée. Désormais nous interagissons et comprenons le sens de nos interactions avec ces données non structurées. Les 40 prochaines années seront construites sur des formats comme la vidéo, le web 2, etc.
AB - Emmanuel Meriot, je vous remercie.