Alors que les développeurs semblent plus que jamais avoir du mal à imposer leurs nouvelles idées, que les éditeurs jouent à fond la carte du revival et que les vieilles licences n'en finissent plus de revenir sur le devant de la scène, tous les amateurs de point & click attendaient la réaction de LucasArts. Une réaction qui a certes tardé, mais qui semble aujourd'hui être un vrai rêve éveillé : Guybrush Threepwood et son île aux singes sont de retour !
« Je m'appelle Guybrush Threepwood et j'aimerais devenir pirate »
Jeune blondinet dont on ne sait comment il a débarquée sur l'Ile de Mêlée, Guybrush Threepwood n'a qu'un désir, devenir un pirate, et qu'une seule qualité, celle de pouvoir retenir sa respiration durant plus de dix minutes. Une qualité intéressante, mais qui ne sera pas suffisante pour réussir à devenir un pirate digne de ce nom, comme le lui expliquent les membres très « alcoolisés » du conseil des pirates en lui confiant trois épreuves. Trois épreuves qui constituent le premier chapitre de l'aventure et qui permettent de faire connaissance avec les lieux et leurs habitants, en particulier les plus importants : le fantôme LeChuck et le Gouverneur Elaine Marley.Une seule rencontre avec cette dernière alors que Guybrush tentait de s'emparer d'une mystérieuse idole aura suffit pour que survienne le coup de foudre... Hélas, et sans dévoiler le scénario qui fait tout le sel de cette aventure, l'idylle est de courte durée : LeChuck l'a enlevée pour l'emmener dans son repaire sur l'Ile aux Singes. Bien sûr, notre Guybrush n'entend pas rester sans rien faire et l'aventure se poursuit ainsi à travers les différentes zones des deux îles à la recherche d'un bateau, d'un équipage, de bananes, d'une clef en forme de coton-tige, d'une tête de navigateur ou bien de je ne sais quoi d'autre de plus loufoque encore.
Sur le fond, Monkey Island est LE jeu d'aventure point & click par excellence : ce n'est d'ailleurs pas une surprise puisqu'il s'agit d'un des titres ayant véritablement lancé le genre. À l'époque, que 1990 peut sembler loin, il utilisait le moteur SCUMM et découpait l'écran en deux : sur les deux-tiers du haut, l'aventure graphique en elle-même et sur le tiers du bas, une liste de verbes d'action ainsi que l'inventaire. Un clic sur le verbe puis sur l'écran permettait de faire telle ou telle action, de récupérer des objets, de les utiliser, de se déplacer, de parler... Un système finalement très simple, mais qui a tout de même bien vieilli.
« Tu sais combien de cholestérol il y a dans un mec comme ça ? »
Du coup et afin d'intéresser de nouveaux joueurs à ce grand classique de l'aventure, LucasArts a modernisé la chose : la partie graphique occupe l'intégralité de l'écran, le pointeur de la souris est « intelligent » (action la plus logique par défaut au clic sur un objet) et deux boutons de la manette / deux touches du clavier permettent d'afficher l'inventaire ou la liste de verbes pour une action plus « spécifique ». Plus important encore, LucasArts a évidemment entièrement revu l'aspect graphique... Et là, on va dire que « tous les goûts sont dans la nature ». Rien à dire du côté des décors et des environnements, mais question personnages...Au centre, à cause d'un problème de son, le gag du jeu originel tombe à l'eau dans cette nouvelle édition : un cas heureusement unique
Certains sont plutôt réussis, mais nombre d'entre eux perdent le cachet de l'original sans aller dans la même direction que Monkey Island 3 et 4. Mention spéciale pour le ratage très net du héros (Guybrush) ou d'Elaine Marley, mais reconnaissons que ce n'est pas le plus gênant : alors que le graphisme est complètement revu, LucasArts n'a pas jugé bon de repenser les animations du jeu ! Du coup, on se retrouve toujours avec ces mouvements « saccadées » ou, lors des dialogues, avec des gros plans sur des visages trop statiques et sans aucune synchronisation labiale. Quitte à offrir une cure de jouvence au jeu, pourquoi ne pas le faire complètement ?
En effet, du côté de la bande-son, on ne peut pas nier les efforts fournis par LucasArts. Certes, on regrettera l'absence de doublages français, mais les voix anglaises sont simplement excellentes et le dépoussiérage des musiques est remarquable. Notons au passage que la comparaison ancienne version / remake est possible à tout moment par une simple pression sur un bouton de la manette / la touche F10 du clavier... De quoi mettre en valeur toutes les nouveautés, mais aussi se rendre compte que, finalement, le scénario n'a rien perdu de son humour et de son inventivité. Un petit bijou de point & click qui n'a pas vieilli autant qu'on aurait pu le craindre.