L'agence de presse AP (Associated Press) entend renforcer ses mesures de sécurité, notamment en ce qui concerne les violations de droits d'auteurs sur la Toile. En effet, de nombreux médias reprennent les communiqués des journalistes-reporters de l'agence sans pour autant avoir souscrit à une autorisation annuelle. C'est par exemple le cas de Yahoo! qui n'a pas souhaité renouveler son partenariat avec l'agence mais qui publie néanmoins les communiqués d'AP au travers de ses autres partenaires.
Pour cette raison, AP a décidé de placer au sein de ses dépêches un système de tatouages électroniques permettant de traquer les sites Internet sur lesquels les communiqués électroniques ont été publiés et, le cas échéant, d'assigner en justice les utilisateurs frauduleux. Tom Curley, responsable chez AP, explique : « il s'agit d'une avancée majeure permettant d'assurer la qualité du journalisme à l'ère digitale. Depuis trop longtemps nous avons observé les gens se remplir les poches en utilisant le travail de nos journalistes. Pour cette raison nous avons décidé de marquer une limite ferme ».
AP emboîte ainsi le pas à l'AFP qui depuis quelques temps ne propose plus la consultation publique de ses communiqués. En 2005, l'AFP avait d'ailleurs assigné Google en justice pour la publication non autorisée de ses dépêches au sein de Google News. Deux ans plus tard, les deux parties avaient signé un accord de licence. Le système de traque électronique mis en place par AP sera déployé aux articles puis aux photos et aux vidéos par la suite.
Une étude a tenté de mesurer l'ampleur de la fraude. En traquant 250 000 articles différents rédigés par les journalistes d'AP sur une période de 30 jours, ce sont 3,4 millions de publications non-autorisées qui ont été décelées. Face à ce phénomène, l'Associated Press enregistre régulièrement une baisse de ses revenus. Ainsi, les estimations pour cette année seraient de 700 millions de dollars contre 748 millions de dollars en 2008.
Puisqu'il s'agit d'un mouchard logé au sein des articles, certains pointent du doigt une violation de la vie privée de l'internaute. Face à ses interrogations, Jane Seagrave, vice-président du développement à l'AP, précise : « Nous voulons savoir où vont nos publications et ce qui est publié. », avant de préciser que les lecteurs eux-mêmes ne sont pas l'objet de ces mouchards.