Les principales SSII françaises pourraient « bientôt compter plus d'employés en Inde que dans l'Hexagone », écrit l'AFP. Une tendance, qui au gré des annonces, est de plus en plus visible depuis quelques mois. Résultat : l'association professionnelle des informaticiens (Munci) en appelle au boycott, par exemple, dans le cadre d'appels d'offres des pouvoirs publics.
« Ce qui m'interpelle, c'est de fonder son modèle uniquement sur les coûts, car au bout d'un moment, la baisse des coûts atteint ses limites, explique Ludovic Melot, analyste du cabinet d'études Precepta interrogé par l'agence. D'autant que ce phénomène de délocalisation peut poser des problèmes de qualité, du fait d'une grande différence, notamment culturelle, entre les équipes qui exécutent les projets et le client final ».
Le groupe Capgemini emploie désormais 28% de ses effectifs à l'étranger. Soit 25.000 personnes, dont près de 20.000 en Inde, contre 21.400 sur le territoire national. Le cap pourrait être dépassé au second semestre. Atos Origin, dont le nouveau PDG Thierry Breton, compterait pour sa part 15% de ses employés dans les pays à bas coûts. Tandis qu'en mars, Steria annonçait que « l'Inde pourrait détrôner la France et ses 6.000 employés cet été ».
Normal, puisque, selon l'AFP, un ingénieur indien gagne en moyenne 6.000 à 8.000 euros par an. Soit cinq fois moins que pour un débutant français. De telles stratégies peuvent-elles vraiment mener à un rééquilibrage, en douceur et vers le haut, des salaires? Il semblerait plutôt qu'elle participe à la désindustrialisation française.