Alors qu'essaiment les Deezer, Jiwa et autres Last.fm, sites Web qui diffusent gratuitement et légalement de la musique depuis leur site Web, Spotify opte pour une voie différente : un logiciel, client à installer directement sur son PC ou sur son Mac, doté d'une interface qui n'est pas sans rappeler celle d'un certain iTunes. Pour autant, comme sur un service en ligne, la musique est streamée depuis le Net : les morceaux ne sont pas stockés en local, et ne peuvent pas être écoutés sans connexion.
En quelques semaines, Spotify se forge rapidement une notoriété dans les milieux autorisés. Accessible uniquement sur invitation dans les premiers temps, le logiciel se distingue par la qualité d'encodage des morceaux qu'il diffuse, ainsi que par la bonne tenue générale du service : temps de chargement et coupures sont inexistants. Corollaire d'un service entièrement gratuit, la publicité fait rapidement son apparition, sous la forme de coupures sonores entre deux morceaux. Aujourd'hui, Spotify revendique un catalogue de près de 6 millions de titres et affirme compter 2 millions d'utilisateurs en Europe. En parallèle, la société met en place une offre « premium », facturée 10 euros par mois, qui permet de ne plus être dérangé par les réclames.
Annina Svensson, responsable France, présente le modèle économique de Spotify
Pour Spotify et ses 75 employés répartis entre le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Suède, l'étape suivante serait de pénétrer sur les mobiles. Une application iPhone, avec la possibilité pour les abonnés payants de stocker en local plusieurs milliers de titres « loués » sur Spotify, pourrait constituer le fer de lance de cette nouvelle offensive, en admettant qu'elle soit acceptée par Apple, qui pourrait bien refuser de laisser un concurrent d'iTunes s'installer sur son terminal vedette.
Pour financer ses activités et disposer des fonds nécessaires aux garanties demandées par les maisons de disque partenaires, Spotify viendrait donc de lever 50 millions de dollars supplémentaires. Aux côtés des investisseurs historiques, qui auraient remis 20 millions de dollars sur la table, la société accueillerait maintenant le milliardaire Li Ka-shing (Hutchison Whampoa, propriétaire de l'opérateur « 3 »), qui entrerait au capital à hauteur de 30 millions, valorisant l'ensemble à 250 millions de dollars. De quoi lancer Spotify sur le sol américain, où en dépit du succès de services tels que Pandora, on attend avec une certaine impatience de découvrir ce nouveau venu qui plait tant en Europe.
Présentation de Spotify sur iPhone, en admettant que l'application voie le jour sur l'App Store...