Le loup entre dans la bergerie. Selon une information parue ce matin dans le quotidien LaTribune, la Bibliothèque nationale de France (BNF) serait sur le point de confier à Google la numérisation de son fonds éditorial.
"Ce changement de stratégie a été motivé par le coût extrêmement élevé de la numérisation des livres", explique LaTribune, qui chiffre ce budget à 50 millions d'euros par an alors que la BnF n'y consacrerait que 5 millions d'euros.
Engagé dans le projet Google Books avec plusieurs autres bibliothèques et fidèle à sa mission "d'organiser l'information du monde", Google avait pourtant inquiété Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la BnF, qui avait publié en 2004 un plaidoyer pour que l'Europe relève le défi de la numérisation.
"Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Dans cette affaire, la France et sa Bibliothèque nationale ont une responsabilité particulière. Mais aucune nation de notre continent n'est assez forte pour assurer seule le sursaut nécessaire. Une action collective de l'Union européenne s'impose. L'enjeu est immense." écrivait il alors.
Plusieurs siècles après la création de la bibliothèque du Roi (1368) de Charles V et du dépôt légal (1537) par François 1er, la France ne semble donc plus en mesure de numériser son propre patrimoine. Une situation indigne qui pourrait sans doute susciter une certaine polémique lors de la rentrée littéraire.