"Internet, média agile ou média servile ?", une tribune de Sébastien Trolle

Sébastien Trolle
Publié le 16 septembre 2009 à 12h03
Directeur commercial des Éditions Cogiterra (Actu-environnement.com et Emploi-environnement.com), Sébastien TROLLE propose cette tribune libre sur la plus-value éditoriale d'Internet en matière d'information.

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Sebastien Trolle
La mise en difficulté de M. Hortefeux, suite à la diffusion par Le Monde.frd'une vidéo relayant des propos qui ont ensuite heurté l'opinion, ne peut justifier d'espérer organiser la censure d'Internet. La séquence initialement enregistrée par une équipe de Public Sénat, lors de l'Université d'été de l'UMP, est devenue inconfortable pour l'intéressé, certes, mais elle ne relève ni d'un coup monté ni d'un trucage, et le journalisme n'a pas à rougir de cet épisode. Consécutivement, certains responsables politiques réclament un "débat de fond" sur le "rôle à laisser à Internet en matière de diffusion de l'information". Stigmatisant notamment les vidéos diffusées par ce canal. Il y a, c'est certain, des débordements à maîtriser (violation de la vie privée, violences à des fins de diffusion, pédophilie...) mais le cas d'espèce est bien loin de justifier cette prise de position.

Avec Internet, les modes d'expression évoluent, de même que le rythme et le ton de l'information. Ceci vaut pour les médias traditionnels comme pour les pures players qui ont enrichi l'offre des contenus éditoriaux. Cette contribution des "médias agiles" à la vie publique est un bon indicateur de la vitalité intellectuelle de notre démocratie, qui accroît, il est vrai, son contrôle sur les représentants du peuple, les acteurs de la société civile et l'administration. Et quand bien même les séquences viendraient-elles d'un téléphone portable d'un simple citoyen, il peut y avoir un intérêt à diffuser. La plus-value éditoriale d'Internet ne mérite pas la censure, d'autant que la responsabilité de celui qui produit, le décryptage journalistique, la maturité de l'audience ou bien encore le droit de réponse permettent un bon usage des libertés.

Bien que jeune et indépendant, un média d'information comme Actu-Environnement.com- 6 années d'existence et 450.000 lecteurs mensuels - manie avec responsabilité des sujets souvent sensibles (OGM, nucléaire, pesticides...). Sa Rédaction a publié, récemment, un sujet sur la lecture faite par l'administration fiscale des textes qui régissent l'activité de l'énergie solaire en France. Alerté par un professionnel victime d'un redressement contestable, de nature à mettre en péril la filière naissante des installateurs en Énergie renouvelable, Actu-Environnement.com a contribué à faire clarifier la position du gouvernement et de l'administration fiscale. Grâce à un article qui ne fut pas "consensuel", les différences d'appréciation du politique et de l'administration ont été arbitrées en un temps record, par qui de droit, au bénéfice du respect de la parole de l'État envers ses administrés.

En qualité de démocrate, je suis heureux que notre pays puisse encore s'émouvoir dès que prédomine le sentiment que la parole de l'État ou ses valeurs risquent d'être bafouées. Les vaguelettes occasionnées par la "polémique Hortefeux" ne doivent pas être prétexte à un recul des libertés. L'histoire ne retiendra probablement pas les "plaisanteries" de M. Hortefeux. L'histoire porte en revanche toujours le deuil de l'impossibilité à s'indigner.
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