C'est ce qu'on pourrait appeler de l'informatique à la demande. Alors que le gouvernement américain lance deux services en ligne basés sur un « nuage de serveurs » (cloud computing), l'État de Washington inaugure, lui, un centre de données de 6.000 mètres carrés. Une politique couplant impératifs économiques et sécurité.
L'administration Obama tente de tenir ses promesses en matière de technologies (TIC). Pour preuve, la récente mise en ligne du site Apps.gov, sorte de catalogue des produit disponibles dans les « nuages de serveurs », ou « cloud » en anglais. Des services, dit saas (pour logiciel à la demande), qui se caractérisent par leur flexibilité et leur indépendance par rapport aux contraintes techniques comme, par exemple, la puissance de calcul. Google, Microsoft, Amazon, Salesforce... proposent des services de ce type. Le site Apps.gov est lui-même hébergé en mode « cloud ». Par qui? Selon le journal en ligne datacenterknowledge.com, il s'agirait du spécialiste de la sécurité informatique pour l'industrie financière : Savvis. Un choix cohérent avec celui qui permet déjà à la société Terremark, elle aussi experte en sécurité, d'héberger les sites gouvernementaux USA.gov et Data.gov.
Data.gov fait d'ailleurs partie de la stratégie d'ouverture du gouvernement US. Le site rassemble, pour le moment, près de 600 flux de données brutes. Issues d'un large ensemble d'agences, elles couvrent les demandes d'asile entre 1998 et 2008, les produits chimiques toxiques répandus sur l'île de Guam (Pacifique) en 2005, les tornades et vents violents de 1950 à 2006, la géochimie d'échantillons d'eau, les demandes de brevets, les accidents du travail, les dépenses fédérales en informatique, les flux d'oiseaux migrateurs...
« Cette mine d'information pourra ainsi servir de matière première à tous ceux qui souhaiteraient créer des services à valeur ajoutée », explique Vivek Kundra, le directeur des systèmes d'information de la Maison Blanche et responsable du site Data.gov. Certains comme Socrata (mise en forme graphique des données) ou la Sunlight Foundation (plateforme de développement de logiciels libres exploitant les données gouvernementales) n'ont d'ailleurs pas attendu pour lancer leur service.
Reste que cette approche est décriée par certains parlementaires américains. Selon Tony Totorice, le responsable des systèmes d'information de l'État de Washington, la décision de construire le nouveau centre de données n'est pas de son fait. Il affirme n'avoir que « peu de marge de manœuvre pour initier une transition vers le cloud puisqu'à proximité directe du Capitole tournent déjà plusieurs milliers de serveurs X86 non virtualisés et sous-utilisés au sein d'une demi-douzaine de centres de traitement de données ». D'autres parts, selon lui, l'externalisation n'est pas possible de façon massive « pour des raisons de sécurité et de compatibilité avec les applications utilisées jusqu'à présent par l'État ».
Tandis que pour Pam Dixon, directrice exécutive du World Privacy Forum « la migration vers le cloud signifie que les données vivent dans réalité juridique complètement différente. (...) L'intérêt d'une migration vers le cloud varie selon la taille de la structure, la sensibilité des contenus hébergés et les moyens financiers à disposition », précise-t-elle.