Plus que jamais, les acteurs de l'industrie des nouvelles technologies, qu'ils soient fournisseurs d'équipements, éditeurs de logiciels ou intégrateurs, cherchent de nouveaux modèles pour accroître leur compétitivité et peser sur la scène des pays francophones, européenne voire internationale.
Dans ce contexte, plusieurs acteurs ont décidé de fédérer leurs expertises pour mieux démontrer leurs compétences et se positionner comme un véritable moteur d'innovation. Dans de nombreux pays, nous voyons se développer des groupements professionnels qui jouent un rôle important pour l'évolution des métiers du numérique. Leur rôle ? Sensibiliser les utilisateurs, créer des laboratoires d'innovation, informer le public des évolutions et tendances du domaine. En France nous comptons ainsi plusieurs associations telles l'AFDEL, l'Aproged, la FNTC, FEDISA, Xplor France ou encore le Club Courrier, l'Observatoire du Hors Média, Medinsoft, Lyon Info cité, Medmultimed, pour n'en citer que quelques-unes.
Autre élément à prendre en compte, l'évolution des mentalités des dirigeants des entreprises du secteur ; ceux-ci n'hésitent plus à se rencontrer et à faire passer les considérations concurrentielles sur un second plan. Ce comportement participatif à l'évolution de l'Univers Numérique contribue au devenir du Métier et au partage de l'innovation pour le plus grand bénéfice des utilisateurs.
L'ère de la coopétition a donc débuté et se positionne comme génératrice de plus value pour l'ensemble des acteurs. Ce concept de coopétition provient du travail de deux auteurs américains, Nalebuff et Brandenburger ; il désigne l'association de comportements stratégiques de coopération et de compétition. Cette logique de coopétition est, de fait, présente dans l'écosystème d'affaires où certains travaux menés en coopération amènent à des bonds technologiques dans un domaine donné. Si la concurrence est nécessaire pour créer un marché, l'intelligence d'une réflexion de groupe permet de dynamiser un métier car elle génère de l'innovation, matière indispensable au développement.
De nombreux travaux comme des études ou des livres blancs émanent des groupes de travail et peuvent même devenir des documents de référence influençant les évolutions fonctionnelles ou produit, l'organisation des entreprises et administrations voire la législation. Nous constatons donc un réel rôle opérationnel pour ces groupements qui jouent la carte de la fédération des savoirs.
Véritable plateforme d'échanges, les membres de ces associations doivent faire tomber les barrières de la concurrence. Ainsi chez Xplor nous voyons aussi bien des utilisateurs de technologies que des industriels entrer dans cette dynamique de partage. Ce comportement permet à tous les acteurs d'être actifs plutôt que passifs et s'inscrit dans une volonté de créer une énergie autour des métiers du document.
Les associations ne sont pas seules à proposer ce type de plateforme d'échanges. Les pôles de compétitivité, dans une certaine mesure, adoptent eux aussi ce modèle organisationnel où des professionnels se réunissent pour porter des projets technologiques d'avenir.
Cette situation est positive à plus d'un titre car non seulement elle incite tous les acteurs de l'industrie numérique, quelle que soit leur taille structurelle, à mieux s'organiser pour exister dans un secteur en perpétuelle évolution mais surtout elle permet aux clients, aux PME et aux indépendants de pouvoir faire entendre leurs points de vue en matière d'innovation. Il est à noter d'ailleurs que, concrètement, en se regroupant, plusieurs acteurs ont déjà su se positionner avec succès sur des projets qui leur étaient auparavant fermés pour différentes raisons telles que leur taille, un manque de visibilité marketing, une instabilité financière, etc.
Parfois les associations sont également un relais de communication et de marketing pour leurs adhérents. L'offre de services peut être vaste ou réduite suivant les moyens ou l'objet de l'association ; cela va de l'annuaire des adhérents en ligne à la diffusion de Newsletter ou encore l'organisation d'événements et de villages sur des salons. Ainsi les membres peuvent accéder à de nouvelles opportunités de développement.
Fédérant de nombreux avantages, ces regroupements sont une piste de croissance concrète largement plébiscitée par les professionnels de l'industrie des TIC en général et du numérique en particulier. A n'en pas douter, les associations, source de stimulation des innovations métier par la technologie, ont un bel avenir devant elles et devraient de plus en plus contribuer à l'essor des métiers.
par Corinne Estève, présidente de Xplor France et directrice de la communication de Sefas Innovation.