Alors que le second fondateur de Duke quitte son agence la laissant maintenant totalement orpheline, je ne peux m'empêcher de me rappeler que le même phénomène est arrivé chez Megalo, Business Interactif et bien d'autres... Non seulement les agences créatives digitales indépendantes sont rares, mais leur absorption par les groupes traditionnels se traduit quasi systématiquement par le départ des entrepreneurs et visionnaires qui les avaient fondées.
Or les annonceurs et le marché ont besoin de ces agences toniques, différentes et irrévérentes qui pensent Digital sans les contraintes politiques et financières des colosses traditionnels. Dans un univers qui bouge et où les possibilités créatives et alternatives se renouvellent en permanence, les talents et les clients ont besoin d'agences différentes qui ne voient pas le digital comme un complément aux autres activités de communication.
L'internet, le mobile, la vidéo en ligne, les réseaux sociaux ouvrent chaque jour de nouveaux modes d'expression créative au service des marques et avec les consommateurs. Mais ces nouvelles visions créatives naissent dans l'enthousiasme, la générosité et la passion de talents variés avec des clients ambitieux. Ce type d'alchimie est par définition compliquée au sein de méga groupes, mais est le quotidien des agences indépendantes à taille humaine. Alors que les silos artificiels de la communication explosent, une agence créative qui devient le "spécialiste du web" d'un groupe traditionnel ne peut que rentrer dans le rang...et se faner.
Une agence créative digitale au sein d'un groupe traditionnel c'est un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, elle ne peut plus bouger par peur de casser quelque chose.On choisit de travailler dans le Digital par passion, parce qu'on a envie de faire changer les choses, d'innover et oser des approches différentes voire jamais vues. J'ai choisi le Digital parce que ça bouge et parce que c'est une aventure où tout est possible sous réserve qu'on ait l'énergie, la volonté et les idées. Cet état d'esprit est non seulement soluble dans la bureaucratie et la discipline de groupe, mais aussi ne peut pas être acheté comme on achète une usine ou un imprimeur.
La richesse des talents créatifs et l'envie de changement de notre marché digital français ne peut pas "rentrer dans le rang". Nos annonceurs méritent mieux.
"Le Digital va-t-il rentrer dans le rang ?" une tribune de Matthieu Eloy
Par Matthieu Eloy
Publié le 07 octobre 2009 à 15h08
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