Médias : Nolife et PC Inpact tentent le payant

Alexandre Laurent
Publié le 10 novembre 2009 à 19h03
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Après un début d'année 2009 marqué par un marché publicitaire en berne, deux pure players de la sphère high-tech prennent le parti de rompre avec le modèle du « 100% gratuit ». Le premier est une chaine de TV geek tendance nerd, la fameuse NoLife, accessible via les principales box ADSL du marché. Le second est un site Web spécialisé dans l'actualité informatique, PC Inpact. En proie à d'importantes difficultés financières, tous deux cherchent à diversifier leurs sources de revenu. Comment ? En proposant à leurs spectateurs ou lecteurs une formule payante, optionnelle dans la mesure où ce qui fait l'essence du média (flux d'un côté, articles de l'autre) reste accessible gratuitement.

PC Inpact : un premium solidaire ?

Après avoir fermé son site dédié à l'actualité du comparateur de prix dans Google et annonce le licenciement de trois de ses employés.

« PC INpact, on le sait, a fini l'année 2008 dans le rouge avec une situation financière peu envieuse. Aujourd'hui, nous voulons tourner la page sur ce passé et mettre le cap définitivement vers l'équilibre de nos comptes avec un seul mot d'ordre : indépendance éditoriale et financière », explique Christophe « Teuf » Neau, gérant de la SARL qui édite le site, le 9 novembre dernier. Pour renflouer les caisses, PC Inpact offre donc à ses lecteurs la possibilité de souscrire un abonnement Premium.

Facturé 3,5 euros par mois (suivi de tarifs dégressifs), il permet de disposer d'une adresse mail aux couleurs du site (@inpactien.com), d'un design spécial et d'un site dépourvu de publicité. « Une option proposera malgré tout de l'afficher », précise l'équipe, qui promet par ailleurs l'arrivée d'avantages futurs. Sur les 24 heures suivant l'annonce, près de 500 abonnements auraient été enregistrés, en dépit de la relative modestie des bonus proposés.

Selon Christophe Neau, cet abonnement permettra « à PC INpact de faire face aux vents mauvais de l'économie, tout en conservant et musclant encore sa ligne éditoriale », mais aussi « de tisser des liens encore plus étroits avec nos plus fidèles lecteurs, cette communauté si forte qui nous suit depuis les débuts ». La possibilité d'afficher la publicité même si l'on dispose d'un abonnement payant est une idée émise à plusieurs reprises dans les commentaires du site. La preuve qu'un modèle Premium solidaire peut fonctionner ?

NoLife : l'abo de la dernière chance

La chaine de TV NoLife a justement tenté l'expérience. Mal en point sur le plan financier, la chaîne a pris la décision, fin août, de proposer à ses spectateurs une formule hybride, élaborée à partir d'un sondage réalisé sur son site. Elle prend le parti de conserver la gratuité des programmes mais décide de réserver une partie des contenus de son site Web à ceux qui accepteront de souscrire un abonnement.

Chez NoLife, l'abonnement est variable, de 3 à 7 euros par mois en fonction du niveau d'engagement avec là encore des formules dégressives. Il ouvre notamment droit « au service Nolife Online qui met à disposition en ligne et pour le monde entier la majorité des émissions de la chaîne ».

Ce dispositif de TV de rattrapage n'est cependant pas le principal motif avancé par la chaine : « Seuls les abonnements peuvent assurer une pérénité à la chaîne. Si vous souhaitez soutenir Nolife, abonnez-vous », explique sans ambages la page dédiée à cette formule payante.

Chez NoLife, la mayonnaise n'a que moyennement pris. Sébastien Ruchet, le patron de la chaine, qui fait régulièrement des points en vidéo sur la santé financière de la chaine, se place une nouvelle fois face à la caméra pour livrer un bilan plus que mitigé. Dans un message mis en ligne dimanche, il explique que les abonnements ne sont pour l'instant pas assez nombreux pour que la chaine puisse financer longtemps ses activités.

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La chaine pensait que le salut viendrait de l'inclusion des canaux ADSL dans les outils de mesure d'audience qui font loi dans le domaine de la pub TV, prévue pour début 2010. Cette extension à l'ADSL ne se fera finalement qu'en mars. Les premiers chiffres tomberont donc à l'été, et NoLife ne pourra guère utiliser ces audiences certifiées pour convaincre de nouveaux annonceurs avant l'automne. Elle se voit donc réduite aux seules recettes liées à l'abonnement en ligne.

En dépit d'encourageantes intentions formulées par l'intermédiaire du sondage mis en ligne durant l'été, Sébastien Ruchet indique que le nombre d'abonnements se révèle nettement inférieur à ce dont la chaine a besoin pour poursuivre ses activités : « Ça monte tous les jours, de façon régulière. Les gens s'abonnent. Et à ce rythme là, si ça continuait, on atteindrait (le nombre d'abonnés) qu'il nous faut pour fonctionner dans six mois. Mais voilà... les six mois, on les a pas ». « On est persuadés qu'on peut y arriver, mais on est pressés par le temps », conclut-t-il, précisant qu'il ne s'agit après tout que d'une chaîne de divertissement, et pas d'une cause humanitaire.

Certes. Le problème, c'est que Nolife et PC Inpact ne sont pas les seuls à chercher la clé qui permettra d'équilibrer l'équation leur permettant d'associer services, indépendance, qualité, survie financière et satisfaction d'internautes adeptes du tout gratuit. La communauté sera-t-elle cette clé ? Parce qu'on ne veut pas voir le paysage médiatique se réduire comme peau de chagrin, surtout dans cet univers du high-tech qui nous est cher, c'est tout le mal qu'on leur souhaite. Même si on sait bien qu' « Y a pas que la vraie vie dans la vie ».
Alexandre Laurent
Par Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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