Tropico 3 : Fidel, Augusto, Manuel et les autres...

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 23 novembre 2009 à 14h00
Bientôt six ans que les amateurs de gestion politiquement incorrecte attendaient le retour de Tropico. Lancée avec un certain succès courant 2001, la série avait connu un sympathique prolongement avec l'extension Paradise Island avant que les développeurs ne se lancent dans une suite nettement moins convaincante. Depuis, nous n'avions plus entendu parler du jeu avant que les Bulgares d'Haemimont Games ne décident de faire revivre la licence. Pour cela, il se sont lancés dans une adaptation la plus fidèle possible du premier opus... exception faite du passage à la 3D bien sûr !

La dictature au goût bulgare et sans sucre[/anchor]Haemimont Games n'est sans doute pas le studio le plus connu du moment, mais depuis quelques années, ces Bulgares se sont fait une spécialité des jeux de gestion destinés à un large public... avec un certain succès d'ailleurs. Il n'est pas dans leurs habitudes de noyer le joueur avec des systèmes de jeu aussi complexes qu'opaques et la licence Tropico était donc tout indiquée. Il est ici question de nous donner le rôle d'El Presidente, l'héroïque libérateur d'une île des Caraïbes qu'il faut maintenant « remettre à neuf »... Bien sûr, toute ressemblance avec des personnages ayant vécu ou encore vivants serait le fruit du hasard !


Après une rapide introduction dépeignant l'arrivée au pouvoir d'El Presidente, le joueur débarque sur un très classique menu regroupant les principales options. Tropico 3 permet effectivement d'aborder le jeu de trois manières différentes. Il y a tout d'abord l'indispensable didacticiel qui permet de se faire la main. Se trouve ensuite la campagne qui permet d'aborder des défis dont la difficulté va crescendo et de mettre en application ce que l'on vient d'apprendre. Quinze défis ont ainsi été conçus par les développeurs, mais les options de jeu ainsi que la difficulté sont imposées et pour être plus libre de paramétrer les choses il faut se tourner vers la troisième option, le « jeu libre ».

En campagne, le joueur débute avec les installations de base d'une société « tropiquéenne ». Il débute également avec quelques petites astuces de développement et surtout un objectif clair. Ici, il s'agit d'exporter une certaine quantité de matières premières, alors que là il faut atteindre un niveau élevé de satisfaction populaire... Mais à vrai dire, dans un premier temps, l'objectif final importe peu puisqu'il faut surtout assurer le minimum vital à une population qui vient de vivre un coup d'État/ une révolution très éprouvant(e). Comme dans n'importe quel jeu de gestion, il faut donc veiller au départ aux besoins essentiels de nos ouailles.

La question alimentaire est à traiter en priorité en vérifiant que les fermes sont installées sur des terres fertiles et en les complétant éventuellement de cabanes de pêcheurs ou de ranchs. Ensuite, suivant le budget qu'il nous reste, il faut veiller à la construction de logements simples mais décents : les bidonvilles ne sont bons ni pour la productivité de la population ni pour notre popularité ! Ces premiers éléments opérationnels, El Presidente peut se tourner vers les objectifs de la mission et, pour ce faire, choisir entre les trois principales approches de développement : la mise en valeur agricole, l'exploitation industrielle ou le tourisme.

En utilisant les ressources de l'île et les outils mis à notre disposition, il faut déterminer le meilleur emplacement pour établir par exemple des plantations de tabac qui permettront, une fois l'usine de cigare construite, d'exporter nos produits à travers le monde. Pour ce faire, il faut bien sûr une infrastructure routière moderne et suffisamment de garages pour nos camions. Enfin, la question de la main d'œuvre n'est pas à négliger : il faut attirer la population des îles alentours en offrant des perspectives aux migrants, mais sans se retrouver face à un raz de marée qui risquerait de provoquer une montée du nationalisme et notre... destitution.

Il faut effectivement prendre en compte le risque que représente une république instable comme notre petite Tropico : lorsque les gens sont mécontents, ils nous le font savoir par révolutions interposées... Inutile, bien sûr, de vous expliquer le sort que l'on réserve à notre auguste Presidente dans de telles situations ? Toute la difficulté d'un jeu comme Tropico 3 réside donc dans le fragile équilibre entre développement économique, bonheur de la population et équilibre budgétaire. Hélas, en fait de difficulté, il faut bien avouer que le défi proposé par Haemimont Games est finalement assez simple : les rouages se maîtrisent rapidement et la rentabilité n'est jamais bien loin.

Nous vous le disions en début de test, les Bulgares sont spécialisés dans les jeux accessibles et de ce fait, il ne faut pas espérer un défi à même de concurrencer Anno 1404. Certaines missions sont plus délicates que d'autres, mais se pose alors le problème du relatif manque de contenu : les bâtiments de Tropico 3 se débloquent rapidement et le mode « jeu libre » - qui doit offrir l'essentiel de la durée de vie - atteint vite ses limites. On aurait aussi aimé davantage de décrets et que le politiquement incorrect de la situation soit mieux exploité par les développeurs... Des critiques que l'on formulait en fait déjà en 2001 à l'encontre de Tropico premier du nom : quand on vous parlait d'adaptation fidèle !


Le mode « jeu libre » et la possibilité de créer son Presidente n'y suffit pas : le contenu est un peu léger


Conclusion[/anchor]Sans faire d'étincelles, Haemimont Games mène correctement sa barque et la remise au goût du jour de Tropico est plutôt réussie. Techniquement parlant, le passage à la 3D conserve la patte artistique du premier volet et le côté tout mignon de notre île est bien là. Le gameplay du jeu s'avère d'ailleurs aussi accessible que celui de ce bon vieux Tropico, les développeurs ayant reconduit l'immense majorité des mécanismes. Si cette fidélité au jeu de PopTop Software est l'assurance d'un titre solide, elle est aussi sa plus grande faiblesse : en presque dix ans, de l'eau a coulé sous les ponts et Tropico 3 fait bien pale figure à côté de titres comme Anno 1404 ! Les spécialistes du genre trouveront son contenu bien trop étriqué et le défi pas du tout au niveau, mais les joueurs occasionnels apprécieront sans doute ces mécanismes que l'on peut appréhender sans y passer des heures.


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