Paris, première capitale fibrée au monde ? Pas impossible, si l'on en croit la municipalité : la couverture du déploiement horizontal pourrait atteindre 100% dès la fin 2010. Après plusieurs mois de travaux entre les opérateurs et l'Arcep, le principal objectif est maintenant d'assurer le déploiement vertical de la fibre optique, celle qui part de la rue pour monter jusqu'à l'appartement de l'abonné. Pour avancer rapidement, bailleurs sociaux et opérateurs viennent de s'entendre sur le principe d'une charte, soutenue par la Ville, visant à encadrer leurs relations dans le cadre de ce déploiement.
Baptisée « convention portant sur l'installation, la gestion, l'entretien et le remplacement de lignes de communications électroniques à très haut débit en fibre optique », elle ne répond pas aux questions liées aux aspects techniques ou tarifaires de la mutualisation, mais définit un certain nombre de modalités pratiques : accès au bâtiment, délais de réponse des parties lors d'une négociation commerciale ou responsabilité et assurances suite aux travaux de déploiement. Suite aux dernières décisions du régulateur, il est pour mémoire prévu qu'un immeuble soit fibre par un opérateur, qui louera ensuite l'infrastructure verticale déployée à ses concurrents.
Réunis par la Mairie de Paris, bailleurs sociaux et opérateurs ont affirmé mercredi matin leur soutien à cette charte. Pour tous l'objectif est de finaliser rapidement cette convention, de façon à pouvoir la proposer à tous les syndics et copropriétés de la ville.
Du point de vue des bailleurs, la fibre répond à un véritable besoin de la part des locataires, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises. Il importe donc que le déploiement soit rapide, mais bien encadré, afin que la vie de l'immeuble ne soit pas trop perturbée par les allées et venues successives des techniciens. « L'acte de raccordement final est toujours quelque chose d'un peu compliqué », explique Patrick Robin, de la SGIM. « 40% de nos immeubles comptent moins de 8 logements », fait-il encore remarquer. Avec un cadre clair, on évite les écueils qui pourraient favoriser l'apparition d'une forme de fracture entre les différents habitats parisiens.
Du côté des opérateurs, après des mois de discussions plus ou moins houleuses dans le cadre des ateliers organisés par l'Arcep, on se dit favorable à ce projet. Au passage, on révèle également quelques chiffres sur l'état actuel de la couverture fibre à Paris. Chez SFR, on estime que 80% de la ville seront couverts de façon horizontale en fin d'année, et pourtant on ne revendique que 40.000 logements connectés via une offre FTTH (Fiber to thé Home, ou fibre jusqu'à l'appartement de l'abonné).
« Une couverture de 100% de Paris à fin 2010 est toujours l'objectif », indique Olivier de Baillenx pour Iliad, qui aurait déjà déployé sa fibre sur 70% de la capitale, en horizontal, et vient d'annoncer le lancement de son réseau FTTH à Valenciennes. Pour autant, tous les aspects réglementaires ne sont pas encore réglés. La loi sur la fracture numérique est également un élément important pour valider certains pouvoirs de l'Arcep, commente-t-il. La situation pourrait ne pas trainer : la seconde lecture est prévue pour la fin de la semaine au Sénat.
Du côté de Numericable, on se félicite que quatre opérateurs (lui-même, Darty, Bouygues Telecom et maintenant Auchan) puissent utiliser le réseau fibre déjà déployé, qui couvre sur Paris environ un million de logements sur le mode du FTTB (Fiber to the Building, ou fibre jusqu'au pied de l'immeuble).
Officiellement, acteurs de l'habitat et opérateurs semblent sur la même longueur d'onde, comme en témoigne la mise en place de cette charte. Pour que le déploiement vertical puisse vraiment débuter, tous n'attendent plus que les derniers éléments de l'Arcep, qui doit encore fixer certains aspects de la mutualisation, à commencer par les tarifs que pourra appliquer l'opérateur qui le premier a fibré un bâtiment.