En France, Allociné peut se targuer de performances supérieures à celles du marché dans son ensemble, avec un chiffre d'affaires publicitaire en hausse de 16% sur un an, à environ 16,22 millions d'euros. Au global, le groupe revendique des revenus 2009 de l'ordre de 22,428 millions d'euros, qui intègrent cette fois les recettes de l'international, de l'activité Talent Group ainsi que des activités connexes à celles de ses différents portails média, vente de billets et de contenus, création de sites, etc. « On ne communique pas notre résultat net, mais ce dernier est en croissance, à deux chiffres, et nous permettra de faire face aux projets à venir », a assuré Grégoire Lassalle, directeur général.
Réunissant une cohorte de services et de contenus associés aux univers du cinéma et des séries TV, Allociné diffuserait aujourd'hui quelque 30 millions de vidéos par mois, soigneusement monétisées à l'aide de publicités placées en pré-roll (spot placé avant le contenu recherché par l'internaute) mais aussi, depuis peu pour les bande-annonces, en post-roll (après diffusion). Testés depuis quelques mois, la formule « Post Roll Trailer » serait une véritable « mine d'or » selon Grégoire Lassalle. Pour l'instant ce dernier est réservé aux distributeurs de films, par opposition au pré-roll qui lui est ouvert à tout type d'annonceurs. Il n'est facturé que si 25% de la bande annonce réclame est visionnée.
Carton plein du côté du mobile également, avec plus de 400.000 téléchargements pour l'application iPhone Allociné lancée fin janvier. Celle-ci engendrerait de 12 à 15% de pages vues supplémentaires consommées, sans phagocyter pour l'instant les statistiques de la version Web du portail.
Pour renforcer ses positions françaises, Allociné envisage de lancer courant 2010 deux nouveaux portails dédiés à la famille. Le premier, baptisé AlloFamille, sera opéré en partenariat avec Moonscoop et proposera contenus, animations et référencement d'événements destinés à la jeunesse. Gratuit, le site sera financé par la publicité dès son lancement, prévu pour la fin du premier trimestre. En parallèle, Allociné se verrait bien reproduire en France le modèle du Club Penguin américain avec Allokids, une autre plateforme, facturée sur le mode d'un abonnement à environ 5 euros par mois dotée cette fois de contenus « exclusifs ».
Allociné annonce par ailleurs avoir été retenu par le CNC, qui financera une partie du développement, pour réaliser Cinestore, un portail qui référencera l'ensemble de l'offre légale en matière de vidéo : films en salle, DVD mais aussi passages en télévision, disponibilité en vidéo à la demande et bientôt, formules destinées aux mobiles. Le site pourra être financé par la publicité, vendue par la régie maison, mais aussi éventuellement par des dispositifs de type affiliation, laisse entendre Grégoire Lassalle.
Hors ligne cette fois, Allociné prévoit également le lancement prochain d'Alloclap, un service qui n'est pas destiné aux particuliers mais aux collectivités locales désireuses de mettre en valeur leur « patrimoine cinématographique ». A cette fin, le portail leur fournira des panneaux physiques, enrichis de photos et d'anecdotes liées aux tournages ayant eu lieu sur leur territoire, sans oublier flashcodes et liens hypertexte invitant le visiteur à se rendre sur le site pour en savoir plus.
C'est enfin et surtout sur l'international que mise la firme détenue à environ 90% par le fonds Tiger Global. Présent en Allemagne, en Angleterre, en Russie et en Chine, Allociné ambitionne de procéder à différentes opérations de croissance externe pour se lancer sur les marchés italiens, turcs, japonais et sud-américains dans les mois à venir. Seuls les Etats-Unis échappent à la soif d'expansion affichée mardi matin : « le marché y est déjà extrêmement mâture », indique G. Lassalle.
L'ambition, chiffrée, serait de fédérer d'ici 2012 une population de 50 millions de visiteurs uniques dans le monde autour d'un modèle média partagé entre les différentes déclinaisons locales : même support, même lecteur multimédia, formats publicitaires identiques et exploitation d'une base de données communes, qui serait déjà aujourd'hui la deuxième mondiale derrière celle d'iMDB. Une croissance qu'Allociné entend mener sans levée de fonds supplémentaire et sans modifier les grandes lignes de son actionnariat actuel, tout en se payant le luxe de lancer sa propre chaine de télévision en 2010.