Ca chauffe sévère pour les Septims !
Véritable icône du jeu de rôle sur ordinateur, la saga The Elder Scrolls, imaginée par Bethesda, est un cas relativement unique dans son genre. Depuis près de quinze années qu'elle existe, elle n'a cessé d'être plus populaire à chaque opus. Le premier volet, Arena, est resté assez confidentiel alors que le second, Daggerfall, est tout simplement l'une des références absolues en matière de jeu de rôle. Pourtant, la sortie de Morrowind en 2002 a permis à Bethesda d'aller encore plus loin en se faisant un nom dans le monde console, sur Xbox plus précisément. Quatre ans plus tard, nous voici sur le point de découvrir Oblivion, le dernier volet de cette tétralogie. Un volet développé sur PC / Xbox 360 et qui a le bon goût de ne pas nous faire poireauter plusieurs mois avant de traverser l'Atlantique... Allez, inutile de vous faire languir plus longtemps, Bethesda n'a clairement pas raté son coup et ce quatrième opus est une véritable petite bombe ludique !Les premières minutes de l'aventure sont surtout le prétexte à une phase de prise en main / création du personnage
Une bombe qui ne débute pourtant pas sous les meilleurs auspices pour le joueur que nous sommes. Vous le savez sans doute déjà, si vous avez lu ma preview ou si vous avez suivi le marathon marketing qui accompagne le développement du jeu, mais l'aventure démarre effectivement dans un cachot du palais impérial. En vue subjective, je découvre mes nouveaux « appartements » sans avoir la moindre explication sur ce que je fais ici, ni d'ailleurs sur qui je suis ! À peine le temps de faire joujou avec la chaîne qui pend au milieu de ma spacieuse cellule (elle bouge bien au passage cette chaîne), que des gardes s'approchent de la grille. Ils sont étonnés de me trouver là alors qu'ils semblent encadrer un noble. On me demande de dégager au fond de la pièce, je m'exécute avant qu'on le fasse à ma place, et la grille s'ouvre. Deux gardes entrent, ils sont suivis par ce noble qui me regarde d'un drôle d'air et semble tout simplement me reconnaître...
Très proche de celle de Morrowind, cette interface est toutefois beaucoup plus marquée par le développement multisupport. C'est ainsi que l'on se retrouve avec la même triple barre (vie, mana, fatigue) en bas à gauche de l'écran, mais cette fois plus grosse et davantage « au milieu » de l'écran. De la même manière, les commandes ont été pensées pour qu'elles soient facilement exploitables avec une manette. Du coup, il n'y a pas une foule de touches / boutons à mémoriser et les débutants sont très vite dans le bain. Lorsqu'on regarde un objet, un bouton permet de le prendre. Lorsqu'un ennemi approche, un autre bouton permet de lancer un sort et un troisième passe le héros en posture de combat. Une touche permet d'appeler le menu et là les développeurs ont réussi à rendre un ensemble de 20 pages très simple d'accès à la manette grâce à l'utilisation des gâchettes : pour le joueur PC, aucun problème non plus puisqu'on passe d'une page à l'autre (inventaire, compétences, sortilèges) avec le mulot.
Simple et très pratique, l'interface du jeu est aussi rapide à utiliser avec la souris qu'avec la manette de la Xbox 360
Nous aurons le temps de reparler de ces points, mais pour le moment, revenons plutôt à ma progression dans les souterrains du palais. L'Empereur est finalement attaqué par une bande de malfrats et mon alter ego pixellisé se voit confier une mission de la plus haute importance : retrouver le successeur d'Uriel et lui transmettre une amulette. J'essaye de ne rien vous dévoiler du scénario, mais disons que ça chauffe pour les Septims en cette année 433 ! Plus que quelques rats à occire avant de pouvoir respirer l'air pur, mais il faut tout de même terminer le héros qui n'a pour le moment qu'un nom. On apprécie ici l'élégance avec laquelle Bethesda suggère une classe de personnage, mais encore plus important, les développeurs nous laissent de toute façon la décision finale. Voleur, magicien, moine, guerrier... rien de bien original ici, mais toutes les classes sont représentées et de nombreuses combinaisons sont disponibles (guerrier/mage par exemple) pour aboutir au héros que l'on désire.
Quand la situation du Royaume empire...
Très ouvert, le troisième volet des Elder Scrolls avait effectivement découragé pas mal de débutants par son aspect un peu trop « libre ». De nombreux joueurs ne savaient pas trop où aller et comment y aller. Du coup, Bethesda a pensé à un système combinant boussole, flèches, cartes et journal de quêtes pour guider nos pas. Vieux routard du jeu de rôle, je dois cependant avouer que le résultat est très convaincant : j'ouvre le journal, j'active une quête et hop un pointeur rouge apparaît sur la carte pour m'indiquer où je dois aller. Si l'endroit en question est un lieu déjà connu comme les grandes villes en début de partie, il est même possible de cliquer directement dessus. La balade se fait alors automatiquement. On perd évidemment une bonne partie du plaisir de la découverte, mais cette fonction permet de gagner beaucoup de temps dans les allers-retours fastidieux que nous sommes amenés à faire... Notamment pour récupérer les lettres de recommandations pour la guilde des magiciens.
Les nombreux personnages du jeu sont autant de moyens de glâner informations, quêtes et propositions à la limite de la décence ;-)
Cette quête « active » est placée sur une autre page du journal, une page qui me permet de suivre pas à pas ma progression. Si je croise un personnage non joueur (PNJ) qui a besoin de mes services, je peux très bien prendre sa demande comme nouvelle quête active (afin d'être guidé par le système de flèches) et mettre en attente la précédente. Puisque nous en sommes à parler des personnages non joueurs, il est important de revenir sur une autre innovation majeure d'Oblivion que Bethesda a appelée « Radiant AI ». Derrière ce nom pompeux se cache un système d'intelligence artificielle destiné à donner plus de vie au monde de Tamriel. Si les plus grandes villes manquent encore d'activité, le résultat est tout de même très chouette et les PNJ vaquent réellement à leurs occupations. Les individus disposent de calendriers parfois très précis (cas des gardes), parfois moins (mendiants), mais tous ont des activités crédibles : ainsi, les tavernes grouillent de monde durant les repas et les marchands ferment leur boutique en fin de journée.
Pour parvenir à nos fins et convaincre une femme de nous faire confiance, il faut utiliser une autre facette du « Radiant AI ». Au moment de la discussion, on peut persuader quelqu'un en cliquant sur un bouton sous la liste des sujets de conversation. Quatre champs (admirer, plaisanter, contraindre et se vanter) sont disponibles et, selon la personne, certains registres sont plus efficaces que d'autres... A nous de les découvrir. Difficile à résumer, ce système est illustré par une de nos vidéos et s'avère très efficace. Plus terre-à-terre, on peut simplement acheter la personne en question, mais cela coûte parfois très cher ! Enfin, dernier élément à savoir à propos des PNJ, ceux-ci peuvent prendre part à des combats (notamment les gardes), mais ils peuvent aussi en mourir et cela rendra certaines quêtes plus délicates. En revanche, Bethesda s'est arrangé pour que les PNJ « vitaux » ne meurent jamais : au pire, ils tombent inconscients et se réveillent quelques instants plus tard.
Le « Radiant AI » et la persuasion des PNJ : un outil simple et bien conçu (ne vous fiez pas au bug d'ombres dû à un essai de ma part)
Le journal de quête permet de tenir à jour sa progression et offre en plus un outil très pratique pour les joueurs qui aiment être guidés
Voir Tamriel et mourir !
Cette concession au réalisme depuis Morrowind est sans doute le fait de l'orientation un petit peu plus grand public que Bethesda a voulu donner au jeu. Un autre exemple, sans doute encore plus éclatant, est l'adaptation des créatures rencontrées aux caractéristiques du joueur. Les ennemis n'ont plus de caractéristiques prédéfinies, mais se trouvent plutôt « un peu plus forts » ou « un peu plus faibles » que notre héros. Cette façon de faire nous évite bien sûr d'être bloqués par un ennemi trop puissant au cours d'une quête, mais il réduit sensiblement la durée de vie du jeu puisqu'on peut très bien imaginer faire la quête principale presque d'entrée de jeu, sans chercher à préparer son héros. Bien sûr le jeu perdrait alors une part de son intérêt, mais en permettant de « couper ainsi le fromage », Bethesda risque de décevoir les amateurs « d'action rapide » navrés de terminer le jeu en seulement quelques heures. Cela nuit aussi au réalisme de la partie et les habitués tiqueront sur la possibilité d'aller massacrer des Daedras avec un petit gars niveau trois !Ils préparent ce que l'on appelle des « mods » et ces derniers constituent l'énorme différence entre les versions PC et Xbox 360 (bien que Bethesda ait annoncé du contenu pour le Xbox Live). En utilisant l'éditeur publié par Bethesda, ces amateurs modifient le jeu afin d'ajouter des fonctions ou même de corriger des bugs. Oblivion est à ce titre un vrai Elder Scrolls et de nombreux bugs plus particulièrement liés à la localisation française sont à signaler. Certains sont déjà corrigés par les « moddeurs », mais on ne peut que critiquer Bethesda. Ainsi en début de partie le sort de soin porte le nom de « boule de feu », une boule de feu que l'on lance en activant le sort « torche »... Oui, on croirait un peu à une mauvaise blague et les exemples de problèmes de traduction (voire d'absence de traduction) abondent. Ils ne gâchent pas la partie, mais rendent certaines situations plus difficiles lorsque par exemple un personnage répond en anglais ou bien qu'un sujet de conversation n'apparaît pas entier !
Pas extrêmement nombreux, les problèmes de traduction sont cependant bien présents et sur Xbox 360, ils concernent aussi les « succès » du Xbox Live
Aussi gênants et inacceptables soient-ils, ces défauts de traduction ne gâchent heureusement pas l'aventure, même pour les moins anglophones d'entre nous. Disons simplement qu'ils font un peu tâche à côté du soin évident apporté par Bethesda à certaines parties du jeu au premier rang desquelles figure bien sûr la réalisation graphique. Malgré quelques textures un peu limite et une lourdeur bien réelle, l'ensemble est effectivement remarquable. Si la profondeur de champ a souvent été citée en exemple, je préfère pour ma part insister sur la qualité des villes. Pour la première fois dans un Elder Scrolls, on a vraiment l'impression de se promener dans de vraies villes correctement dessinées. Elles sont encore assez petites, mais disposent de vraies rues ou de vraies places et les architectures diffèrent énormément selon que l'on se promène dans la cité portuaire d'Anvil ou que l'on arpente les côtes enneigées de Bruma la nordique.
Mort au wind et longue vie à Oblivion !
Du côté de la bande-son, c'est une nouvelle fois Jeremy Soule qui s'est occupé de la musique et le résultat est à la hauteur. Les mélodies sont belles, mais surtout, elles accompagnent très bien les actions du joueur. Le jeu étant intégralement en français (enfin presque intégralement), Bethesda a fait appel à quelques doubleurs bien connus. En dehors de celle, très caverneuse, de l'introduction, elles sont toutes très réussies et on ne regrette pas vraiment l'absence de VO. Notons toutefois que de nombreux PNJ partagent les mêmes doubleurs... Si cela rend très bien, cela surprend un peu au début. Comme nous le disions précédemment, la réalisation technique n'est qu'un des aspects du jeu et une machine plus faible (2,4 GHz, Radeon 9800XT) permet encore de bien s'amuser. Il faut réduire sensiblement le niveau de détails, c'est nettement moins joli, mais on parvient alors à conserver un niveau de fluidité qui donne satisfaction même durant les combats.Variés et souvent splendides, les décors d'Oblivion sont pour beaucoup dans le plaisir d'arpenter les kilomètres carrés du jeu !
Ces combats justement ont fait l'objet de soins particuliers de la part de Bethesda qui ne voulait pas rééditer la molle expérience de Morrowind alors qu'un titre comme Dark Messiah Of Might & Magic (jeu d'action, pas du tout jeu de rôle) arrive cet été. Même si le résultat n'est pas encore parfait, je salue le travail réalisé par les développeurs. Les enchaînements de coups restent assez simples, mais on s'amuse vraiment. Lorsque notre héros est équipé d'une arme à une main, il doit utiliser un bouclier pour bloquer les coups de son adversaire et profiter du choc pour riposter. Avec une arme à deux mains, il faut davantage utiliser la parade, mais l'un et l'autre s'effectuent le plus simplement du monde : un clic gauche (gachette droite sur Xbox 360) pour attaquer, un clic droit (gachette gauche) pour parer/bloquer. Les attaques spéciales se font en maintenant le bouton d'attaque enclenché quelques secondes et avec l'expérience, le héros acquiert de nouvelles techniques.
Offensifs, défensifs, les sorts permettent pas mal de fantaisie durant les combats (invocation, frénésie...), mais aussi en dehors. La magie est très présente dans Oblivion et, pour ne citer qu'un exemple, les magiciens peuvent être doués dans l'art de crocheter les serrures ! À ce sujet, signalons que Bethesda a tout simplement recopié le crochetage de Splinter Cell : c'est pratique et apporte un peu de variété au jeu alors on ne va pas se plaindre ! Pour en revenir aux magiciens, signalons la présence d'outils de création de sorts et d'enchantement d'objets. Relativement coûteux, ils permettront aux amateurs de préparer leurs incantations et d'améliorer leurs armes. Notons au passage que de nombreux métiers sont accessibles aux joueurs qui peuvent devenir un spécialiste de l'enchantement, un forgeron ou bien un alchimiste. Dans ce dernier cas, il faudra partir en ballade pour trouver les ingrédients nécessaires à la création de potions : ils se cueillent simplement dans la nature.
Sort de foudre, guérison mineure et boule de feu sont parmi les premiers disponibles dans le jeu : leurs effets sont très bien rendus
Je pourrais encore passer des heures à vous raconter tout ce que peut faire mon héros. Je pourrais vous parler du moteur physique qui permet d'agir sur certains éléments et fait bouger des grappes de crânes accrochées à un mur. Je pourrais vous parler de la variété des visages de ces quelque 1500 PNJ. Je pourrais vous parler du scénario principal qui, un peu court, fait doucement monter la pression jusqu'à l'assaut final d'un être gigantesque. Je pourrais détailler les nombreux donjons disponibles et beaucoup plus variés que ceux de Morrowind, mais il faut terminer cet article alors avant de conclure, je voudrais insister sur l'exceptionnelle liberté ressentie durant la partie. Bien sûr on peut foncer vers le vilain pas beau et boucler le tout en quelques heures, mais ce serait stupide. Il y a d'innombrables quêtes à réaliser, certaines d'entre elles sont plutôt originales et bien fichues. Il faut prendre le temps d'explorer les 41 km² de Cyrodiil, se laisser happer par un univers absolument unique et surtout... profiter !
Conclusion
Certains reprocheront sans doute l'absence de mode multijoueur, mais les Elder Scrolls ce n'est pas ça. Plus que jamais on a l'impression d'évoluer dans un monde bien vivant et alors que le RPG « à la japonaise » marche très fort, Oblivion est sans doute la meilleure façon d'aborder autrement le jeu de rôle : notre héros progresse en fonction des actions effectuées et le scénario n'est qu'un vague fil conducteur qui nous laisse presque entièrement libre de nos mouvements / décisions. Bien sûr quelques concessions ont été faites avec le développement PC / Xbox 360 et on regrette les nombreux problèmes de traduction, mais inutile de faire la fine bouche : Oblivion est un très grand jeu... alors soyez prêt à ne rien faire d'autre durant les deux prochains mois minimum !
N'oubliez pas de jeter un oeil à nos cinq vidéos exclusives pour découvrir nos premiers pas après le prologue, le déroulement d'une mission en ville et quelques combats dans l'arène de la Cité impériale, dans une grotte ou sur les plaine de l'Oblivion.
Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
Pour finir et pour « récompenser » ceux qui regardent l'article jusqu'au bout, voici un aperçu de ce que donne Elder Scrolls IV en bi-écran : sympa quand les développeurs exploitent ce genre de résolutions !