La commission européenne vient d'annoncer son intention de bloquer les sites Internet proposant du contenu pédopornographique. La directive n'est pas encore approuvée, elle doit encore passer devant le Parlement européen et les 27 ministres concernés. Son adoption serait un revirement de la politique européenne sur la régulation d'Internet.
En matière d'abus sexuels faits aux enfants, la ligne de la Commission ne peut être que la fermeté : « Quelles que soient les actions qu'elle peut entreprendre contre ce fléau, l'UE doit agir et agira », martèle la commissaire chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström. La nouvelle directive sur la protection des enfants, qui reste donc à adopter, prévoit le blocage de l'accès aux sites pédopornographiques, qui n'ont « rien à voir avec la liberté d'expression », précise la commissaire. « Si nous n'agissons pas, les utilisateurs d'Internet pourront considérer à terme ces images comme normales. »
En 2005, la commissaire en charge de la société de l'information et des médias, Viviane Reding, avait pourtant mis un terme aux rumeurs de directive pour réglementer Internet. « J'ai entendu dire, ici ou là, que Bruxelles avait l'intention de réglementer l'Internet et d'introduire une nouvelle couche de bureaucratie. Sincèrement, cela n'a aucun sens. », avait-elle déclaré. Elle avait cependant annoncé qu'il était « du devoir de la Commission de proposer un cadre permettant de protéger en la matière des valeurs européennes communes. Mais je n'ai pas la moindre intention de réglementer l'Internet. »
Le blocage, solution ultime ? Ce n'est pas l'avis d'Alvar Freud, du Groupe de travail contre le blocage d'Internet et la censure (AK Zensur, le site est en allemand). Son association a analysé plusieurs listes de blocage européennes avec des procédures automatisées, et a écrit aux hébergeurs des sites supposés afficher des contenus pédopornographiques (ce qui n'a pas pu être vérifié avant envoi des emails, la consultation de tels sites étant interdite en Allemagne). En 12h, il a obtenu la suppression de 60 sites hébergés aux Pays-Bas, en Allemagne, aux Etats-Unis, au Danemark et en Russie. Le chiffre est à mettre en relation avec les 1943 sites signalés à 348 prestataires de 46 pays. Sur ces hébergeurs, 250 ont répondu, et la plupart des sites ont été reconnus comme légaux ou supprimés.