© Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock.com
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L'avantage quand on licencie des gens, c'est qu'on trouve pas mal de personnel qualifié à recruter sur le marché du travail.

L'inconvénient, c'est qu'ils n'ont pas forcément envie de revenir. 2022 et surtout 2023 ont été des années terribles pour l'emploi dans le monde de la tech : ainsi, depuis janvier, ce sont pas moins de 350 000 employés du secteur qui ont perdu leur emploi. Si pour certaines entreprises, l'objectif était de trouver une rentabilité à tout prix, d'autres se sont justifiées par la nécessité de faire des ajustements après avoir beaucoup trop recruté les années précédentes, notamment pendant la pandémie.

Mais Meta et Salesforce ont peut-être eu la main un peu trop lourde au moment de signer les soldes de tout compte et désormais, leurs ressources humaines sont dans une situation embarrassante : peut-être, finalement, que certains de ces ex-employés étaient nécessaires au bon fonctionnement de l'entreprise. Il va falloir maintenant se montrer convaincant pour leur donner envie de revenir.

Finalement, Meta et Salesforce avaient peut-être besoin de leurs employés

Lors de la première vague de licenciements en 2022, Mark Zuckerberg avait, grand prince, reconnu que la nécessité de réduire les coûts était en large partie due aux pharaoniques investissements de son entreprise dans le métaverse, plutôt qu'aux performances. Mais la justification des licenciements en masse suivants avait été toute autre : apparemment, l'entreprise était plus fluide et plus efficace après les premiers départs, alors autant renouveler l'expérience.

Chez Salesforce, la situation est plus classique, presque caricaturale : après avoir tenté de développer une culture d'entreprise qui encourageait les salariés à se voir comme une « ohana », ce qui signifie famille en hawaïen et pourrait difficilement être plus cliché, des investisseurs ont demandé à la direction d'augmenter les marges et la croissance (comme dans toute famille normale, donc). Ce qui a entraîné des départs, parfois volontaires, souvent contraints, et pas toujours dans de bonnes conditions.

Mais désormais, ces deux entreprises, qui ont dépensé du temps et de l'argent à former des employés qualifiés, découvrent que ces derniers avaient peut-être une valeur. C'est surtout le besoin grandissant dans le domaine du développement de l'intelligence artificielle qui commande ces recrutements. Et pour le département des ressources humaines, cela signifie beaucoup de discussions délicates.

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Une situation compliquée pour certains ex-employés

D'un point de vue extérieur, surtout si le licenciement a été douloureux, on pourrait se dire que ces recruteurs vont au-devant de presque autant de refus que de coups de téléphone. Et même si le départ s'est fait dans de bonnes conditions, les ex-employés ont de bonnes raisons d'avoir des réserves quant à la sécurité de ce nouvel emploi qui leur est proposé.

Mais accepter de revenir, c'est aussi avoir un pouvoir de négociation supérieur et donc bénéficier probablement de meilleures conditions d'emploi… notamment du côté des salaires. Quant à la motivation et la loyauté de ces « nouvelles » recrues, il faudra probablement faire sans également.

Et forcément, 350 000 personnes qui perdent leur emploi n'en trouvent pas un autre le lendemain. Il est probable que, aussi cyniques que soient ces décisions, Meta et Salesforce n'auront pas de souci à compléter leurs effectifs.