© Koshiro K / Shutterstock
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L'IA qui détruit des emplois est déjà une réalité. Mais pour une fois, ce sont bien les cadres qui ont pris la décision de l'utiliser qui pourraient en faire les frais.

Au début de l'année, BuzzFeed a suivi la tendance d'à peu près la totalité des entreprises de la tech, en licenciant des centaines d'employés. Pour beaucoup d'entre eux, le remplacement semblait tout trouvé sous la forme de l'émergence d'une technologie dont vous avez peut-être entendu parler, l'intelligence artificielle. Si la nouvelle de l'utilisation de l'IA par BuzzFeed a initialement plu à ses investisseurs, en quadruplant la valeur de son action, ces derniers ont largement eu le temps de changer d'avis depuis.

Et de fait, il se trouve que les quiz générés automatiquement par BuzzFeed ne rencontrent pas vraiment le succès escompté, plongeant la valeur de l'entreprise à son plus bas depuis son entrée en Bourse. Si l'IA n'est pas la seule raison derrière l'interminable chute de BuzzFeed, elle ne l'a certainement pas ralentie.

Il aurait peut-être fallu faire des tests avant

Comme à chaque fois qu'un patron annonce son intention d'intégrer l'intelligence artificielle à ses produits, le P.-D.G. de BuzzFeed Jonah Peretti avait initialement présenté ce changement comme un outil au service de ses employés. Et comme à chaque fois, nombreux parmi ces derniers ont finalement été invités à faire leurs cartons.

Rapidement, l'IA s'est mise à produire une infinité de quiz (quelle chanson de Katy Perry ou quelle sauce de kebab êtes-vous ?), sans salaire ni intention de se syndiquer, une aubaine pour le patron. Mais, en plus de ces tests ouvertement écrits par IA, le site a également généré d'innombrables autres articles médiocres et répétitifs, et des guides de voyages de piètre qualité.

Au regard du temps moyen passé par les utilisateurs sur les posts ainsi générés, il semble toutefois que ceux-ci s'y intéressent davantage que ceux écrits par des humains. C'est du moins la version de Peretti, qui oublie de mentionner que ce temps moyen inclut le fait que les utilisateurs doivent eux-mêmes remplir des prompts pour obtenir des résultats de la part de l'IA, ce qui prend plusieurs minutes.

Mais la fièvre de l'IA commence déjà à redescendre, tout comme le cours de l'action de BuzzFeed qui, à 0,31 dollar alors qu'elle s'approchait des 4 dollars après l'annonce de l'intégration de l'IA, n'a jamais été aussi bas. Au point que si l'entreprise ne parvient pas à rectifier le tir d'ici la fin de l'année, elle pourrait tout simplement sortir de l'indice Nasdaq.

© Mopic / Shutterstock
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L'IA, le dernier clou du cercueil de BuzzFeed

Pour être honnête, la chute de BuzzFeed n'est pas due à l'IA. Pas seulement, en tout cas, car sa valorisation n'a presque connu que la baisse depuis que l'entreprise est entrée en Bourse en 2021. Elle a dû gérer la baisse des revenus publicitaires sur Internet en 2022, notamment en cause dans l'écart de 200 millions de dollars entre ses revenus et ses prévisions sur cette année. Et même avant cela, elle a souffert comme tous les sites d'entertainment des changements d'algorithmes de réseaux sociaux sur lesquels elle n'a aucun contrôle et qui peuvent diviser son audience du jour au lendemain.

L'IA n'a certes pas poussé BuzzFeed dans le ravin, mais elle n'a rien fait pour ralentir sa chute non plus. Les textes et quiz ainsi générés ne sont pas uniquement médiocres et impersonnels, l'outil lui-même ne semble pas au point. L'un de ces générateurs permettant de créer des recettes fait par exemple ce qu'il veut, ignorant complètement les demandes et conditions des prompts des utilisateurs.

Source : Futurism