Grâce à leurs recherches sur l'ARN messager (ARNm), un duo de chercheurs vient de se voir décerner le prestigieux prix Nobel de médecine.
Pendant que la pandémie de COVID-19 faisait rage, les vaccins à ARNm sont arrivés de manière providentielle. Cette innovation n'aurait pas été possible sans le travail de Katalin Karikó et de Drew Weissman, deux scientifiques. La première est une biochimiste hongro-américaine qui a été vice-présidente du laboratoire allemand BioNTech (qui travaille aujourd'hui grâce à l'IA) jusqu'en 2022. L'entreprise a collaboré avec Pfizer pour développer le vaccin à ARNm pendant la pandémie.
Le docteur Weissman est quant à lui un professeur de recherche américain spécialisé dans les vaccins à la Perelman School of Medicine en Pennsylvanie. Ils viennent d'être récompensés pour leur travail, commencé à la fin des années 90, par le prix Nobel de médecine.
Des recherches pionnières sur l'ARNm
Le duo s'est rencontré en 1998 à l'université de Pennsylvanie. Sept ans plus tard, ils publient les résultats de leurs découvertes révolutionnaires sur l'ARNm. Un véritable game changer à l'époque. La voie classique pour concevoir un vaccin était alors d'utiliser des virus modifiés pour stimuler l'organisme afin qu'il produise une réponse immunitaire.
Karikó et Weissman ont découvert une autre technique avant-gardiste : l'intégration d'ARN messager modifié dans les cellules. Comme expliqué par l'Inserm, « il s'agit de faire produire les fragments d'agents infectieux directement par les cellules de l'individu vacciné. Pour cela, ce n'est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injectée, mais seulement l'information, sous la forme de molécules d'ADN ou d'ARN, permettant de produire les antigènes de l'agent pathogène ». Cette innovation a été la clé de voûte pour le développement rapide du vaccin contre la COVID par Pfizer-BioNTech, plus de 20 ans après cette découverte.
La persévérance derrière le succès
Aujourd'hui, les recherches des deux spécialistes sont enfin reconnues à leur juste valeur. Mais le chemin vers cette découverte n'a pas été un long fleuve tranquille pour Karikó et Weissman. Originaire de Szolnok, une petite ville de Hongrie, Katalin a lutté durement pour obtenir ses premières subventions de recherches sur l'ARNm lorsqu'elle a commencé à travailler aux États-Unis dans les années 1980.
Elle rencontre Weissman en 1998 de manière complètement fortuite devant une photocopieuse. C'est à ce moment qu'elle le persuade du potentiel de l'ARNm. Celui-ci travaillait alors sur un vaccin contre le VIH. Même si l'ARNm était déjà connu depuis les années 1960, il aura fallu attendre l'apparition du SARS-CoV-2 pour que le monde entier prenne conscience de l'importance de leurs recherches.
Récompensés sur le tard pour leurs investigations et leur collaboration, Karikó et Weissman ont vu leurs travaux enfin dûment valorisés par le sacro-saint prix Nobel. Une distinction largement méritée pour ceux qui avaient réussi à modifier l'ARN synthétique en 2005.
Sources : The Verge, Radio France, Inserm