Les deux premiers prototypes de satellites de la nouvelle constellation de connectivité d'Amazon sont en orbite depuis vendredi. Une étape importante pour les tests technologiques, alors que les retards s'accumulent des deux côtés, pour produire les satellites et pour les envoyer en orbite. La concurrence est bien installée…
À terme, la constellation Kuiper devrait comporter 3 236 satellites de connectivité, mais toutes les simulations n'y suffisent pas, il faut tester le matériel dans les conditions réelles. Ainsi, Amazon a produit depuis déjà plusieurs mois des satellites prototypes, mais encore fallait-il les convoyer jusqu'à l'espace ! En un an, ils ont changé deux fois de fusée : RS1 d'ABL Space Systems, puis Vulcan d'United Launch Alliance et finalement Atlas V, pour décoller et rejoindre rapidement l'orbite basse. C'est qu'Amazon a besoin de valider ses technologies avant de commander les satellites en grande série et de proposer ses services de connectivité internet.
Deux satellites, c'est peu
Les deux satellites (KuiperSat-1 et KuiperSat-2) ont donc décollé avec une fusée Atlas V ce 6 octobre à 20 h 06 depuis la Floride. Le lanceur, fidèle à sa réputation d'extrême fiabilité, les a bien emmenés à 500 km d'altitude en 18 minutes environ, même si la fin de l'opération s'est déroulée loin des échos médiatiques. Amazon a en effet cadenassé sa communication, en ne publiant aucune image de ses deux unités orbitales, on ne connait donc ni leur forme, ni leur taille, ni leur masse.
On sait cependant qu'Atlas V est un lanceur très puissant pour seulement deux petits satellites, il y a donc eu beaucoup de gâchis de performance. À tel point que lorsque KuiperSat-1 et 2 ont été éjectés, l'étage supérieur Centaur a rallumé son moteur pour réaliser un test et qu'il est désormais sorti de la sphère d'influence terrestre, pour orbiter (tel un astéroïde géocroiseur) autour du Soleil.
Deux satellites, faute de mieux ?
Les deux premiers KuiperSat ne sont pas spécialement représentatifs des suivants, qui seront envoyés en orbite par grappes, et pour lesquels Amazon a commandé pas moins de 82 décollages à United Launch Alliance, Arianespace et Blue Origin. Problème, les lanceurs commandés ne sont pas au rendez-vous et ne seront pas disponibles, pour la majorité d'entre eux, en 2024. Les prototypes vont donc tester les performances des antennes, la visibilité effective, les taux de transferts de données, l'application de connexion, etc. Autant d'outils qui, une fois les vrais satellites en orbite, devront être disponibles rapidement.
C'est, en effet, le problème d'Amazon, qui prévoit de concurrencer Starlink : le réseau de connectivité de SpaceX est déjà en orbite et fonctionne depuis plusieurs années. Il dispose de 2 millions de clients au moins, et s'appuie sur plus de 5 243 satellites déjà envoyés en orbite (dont 21 ce lundi 9 octobre). Starlink en est d'ailleurs à sa deuxième génération de satellites, plus grands, plus puissants et performants, tandis que OneWeb, qui sera également un concurrent d'Amazon, a également consolidé sa position dernièrement en passant sous le contrôle du géant français des communications par satellite Eutelsat.