Après tout, pourquoi manquer d'ambition ? L'agence spatiale indienne, l'ISRO, aura fort à faire dans la décennie à venir. Le Premier ministre a en effet brossé les grandes lignes de leurs futures aventures spatiales. Au menu ? Des vols habités en 2025, avant une station spatiale et même des pas sur la Lune, pour 2040.
L'Inde spatiale est sur une pente ascendante. Après plusieurs années de préparation, les succès sont au rendez-vous. On l'a vu cet été avec la réussite de la mission Chandrayaan-3 et les tours de roue du petit rover Pragyan non loin du Pôle Sud lunaire. On le voit aussi cet automne avec les différentes communications autour du projet de capsule habitée Gaganyaan. Oui, l'Inde devrait prochainement accéder à un palier technologique et politique particulier, celui de l'astronautique. Ce samedi pour la première fois, une capsule habitable décollera pour tester le système d'évacuation d'urgence en vol qui assurera, un jour, la sécurité des astronautes indiens. Il n'y aura personne à bord en 2023, mais l'essentiel est ailleurs : l'agence nationale, l'ISRO, avance à bonds de géants. Et le Premier ministre Indien, Narendra Modi, en a profité cette semaine pour lui donner des objectifs de long terme.
Les vols habités, pour bientôt
C'est pour commenter les progrès du projet Gaganyaan que Narendra Modi s'exprimait, parce que ce programme spatial habité, c'est lui qui l'a souhaité. En effet, même s'il existait déjà des prémices techniques, c'est le jour de la fête nationale de l'Indépendance indienne (le 15 août) 2018 qu'il a présenté au public le programme Gaganyaan. À l'origine, la capsule devait décoller vers l'orbite avec des astronautes indiens dès 2022, mais l'agenda s'était rapidement révélé trop ambitieux… Reste que le dossier avance à grands pas. Les premiers astronautes sont formés, la capsule est bientôt prête pour un premier vol orbital sans personne à bord, et l'heure est aux tests grandeur nature. Le premier vol habité, lui, est repoussé à 2025. Mais le Premier ministre voit déjà loin, bien plus loin. Et il n'a pas cillé en annonçant un projet de station spatiale indienne à l'horizon 2035, et même les premiers pas indiens sur la Lune en 2040 !
Et ensuite, la Lune ?
Narendra Modi a également appelé à intensifier les efforts pour des sondes spatiales à destination de Vénus et de Mars, après le succès cette année du lancement de la première mission héliophysique indienne Aditya-L1. Toutefois, ces efforts multiples ne pourront se concrétiser sans une très forte stimulation budgétaire, et la participation engagée du secteur privé indien, qui est encore balbutiant. La « NewSpace India Limited » participe par exemple à démocratiser les vols de la fusée PSLV, mais le domaine commercial a encore beaucoup à prouver, le tout dans un contexte où les vols habités (qui restent complexes) ne sont pas pour l'instant adossés à de grandes coopérations. L'Inde n'est pas participante à l'ISS, et reste aujourd'hui une nation spatiale assez indépendante.
Gare à l'enthousiasme
L'ISRO ne semble pas non plus pressée d'établir un partenariat solide avec son homologue russe Roscosmos, qui lui a déjà fait plusieurs appels du pied dans le domaine astronautique et qui serait sans doute ravie qu'elle collabore pour le projet ROSS de future station. Reste donc à savoir si une fois de plus le domaine politique saura stimuler le duo public et privé au service du spatial indien. Quant aux projets lunaires, 2040 c'est loin, et il faudra beaucoup d'efforts pour y arriver. Seule, l'Inde n'a pas encore prouvé autant que la Chine, qui pourtant annonce encore 5 à 10 ans de développement ! L'objectif est donc très ambitieux. Trop ? Un avertissement : les échecs, dans les vols habités, sont lourds à porter. Mais qu'il est beau de se tourner vers l'Espace.
Source : SpaceNews