Entré en vigueur fin 2022, le bonus réparation peine à laisser sa marque. L’aide d’État pour entretenir ses appareils électriques et électroniques va donc être élargie dans les prochaines semaines.
« Il n’est pas normal qu’on achète 16 millions de smartphones et qu’on n’en répare qu’un million ». Les déclarations du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu ne laissent pas vraiment de doute sur la nouvelle politique du gouvernement en termes d’aide à la réparation. Profitant des Journées nationales de la réparation, l’ex-élu LR a détaillé un nouveau plan de bataille pour rendre la réparation plus attractive, dans le but de lutter contre la prolifération des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E).
Un bonus réparation plus simple et plus généreux
Le bonus réparation, qui couvrait déjà les produits allant du smartphone au lave-vaisselle, va être « simplifié, élargi et augmenté » dès le 1er janvier prochain, a déclaré le ministre. Selon lui, « des marques ont volontairement empêché la réparation de leurs produits » et il est temps pour le gouvernement d’agir sur ce point.
Pour répondre aux critiques adressées à cette mesure depuis sa mise en place, le nombre de réparateurs accrédités (c’est-à-dire capables de soustraire le bonus réparation dès l’édition de la facture) sera doublé dès l’an prochain. Les réparations à distance (guidées par visio) devraient aussi devenir éligibles à ce dispositif, simplifiant l’accès à la réparation pour certains foyers. En tout, pas moins de 73 produits deviendront éligibles à la ristourne gouvernementale à partir de 2024.
Bonne nouvelle aussi, le critère de « casse accidentelle » sera pris en compte et pourra donc vous aider à changer l’écran de votre téléphone. Comme prévu, 25 euros seront donc mis à disposition de celles et ceux qui font l’effort de réparer leurs smartphones plutôt que d’en changer. Le bonus sera aussi augmenté de 5 euros « sur plus d’une vingtaine de produits » et carrément doublé pour les lave-linge et lave-vaisselle, les sèche-linge ainsi que les téléviseurs et aspirateurs. Enfin, le bonus sera majoré de 20 % si les pièces de rechange proviennent de l’économie circulaire.
Des malus pour les produits peu réparables
Plus curieux, Christophe Béchu a aussi annoncé que les produits « réparables » seront éligibles à une aide à l’achat de 10 à 40 euros tandis que les gadgets qui ne le sont pas seront frappés d’un malus du même montant. Les détails de cette mesure n’ont pas été annoncés, mais sans doute que l’indice de réparabilité devrait servir d’arbitre dans ces cas-là.
L’annonce de ces mesures a ravi l’association Halte à l’Obsolescence programmée (HOP), qui s’est félicitée de la mise en place d’un « super bonus sur les équipements de lavage ». Selon HOP, ces équipements sont « très présents dans les foyers […] assez réparables, impactants pour la planète et concernés par l’indice de réparabilité », ce qui en fait des cobayes parfaits pour l’élargissement du bonus.
En revanche, l’association explique qu’un gros travail de sensibilisation et de développement est nécessaire pour faire connaître cette aide à la réparation. « Sur un objectif de 4 000 réparateur·ices labellisé·es d’ici fin 2023, seulement 1 770 l’étaient en juillet. Et 1,2 million d’euros avaient été dépensés sur une enveloppe allouée de 63 millions », détaille HOP. En plus d’ouvrir plus largement le portefeuille, il faudra donc mettre des moyens et de la volonté politique pour mener à bien ce virage vers un monde plus réparable.
Source : Halte à l'Obsolescence Programmée