Si même Sundar Pichai, PDG de Google, admet que le fonctionnement des paramètres de confidentialité des services de son entreprise lui échappent, le doute peut s'installer. Qui est donc aux commandes de nos données ?
Lorsqu'on parle de Google et de sa conception du traitement des données personnelles, on sait que le sujet est sensible. L'an dernier, l'entreprise avait pourtant annoncé une approche plus transparente et sécurisée sur ce sujet. Récemment, une information issue du recours collectif qui oppose le ministre canadien du patrimoine Pablo Rodriguez à Google s'avère réellement troublante. Sundar Pichai le P.-D.G. de Google lui-même, admet qu'il nage aussi en eaux troubles lorsqu'il est question des fonctionnalités offertes aux utilisateurs par l'entreprise pour contrôler leurs paramètres de confidentialité.
L'écart entre les promesses et la réalité
C'est le témoignage d'un expert lors de ce recours, Jonathan Hochman, qui a pointé du doigt la fameuse option « Web & App Activity ». Celle-ci se présente comme une fonctionnalité complète de contrôle pour les utilisateurs afin de sécuriser leurs données. Pour Hochman, elle serait seulement de la poudre aux yeux. Celle-ci devrait logiquement permettre aux usagers d'empêcher Google de garder leurs activités sur leurs serveurs, mais dans les faits, cela n'est pas le cas.
Une situation plutôt problématique, que Hochman juge encore plus grave lorsqu'il affirme que Sundar Pichai s'est emmêlé les pinceaux en témoignant devant le Congrès. Il a déclaré que les utilisateurs peuvent « clairement voir quelles informations sont collectées et stockées » par Google dans la rubrique « Mon compte ». Toutefois, le fondateur du Bureau de la confidentialité et de la protection des données de l'entreprise a déclaré l'inverse : il ne connaît pas de possibilité de paramétrage pour les utilisateurs leur permettant d'empêcher Google de collecter les données relatives à leurs activités sur les applications. Plutôt cocasse.
La collecte des données chez Google, une vraie zone d'ombre
Même si le géant de la tech semble affirmer l'inverse, son approche de la confidentialité et de son respect apparaît comme intentionnellement voilée. En effet, l'option « Web & App Activity » n'est effective que sur une partie très limitée des services de Google. Du côté de la collecte des données à des fins publicitaires, elle n'a strictement aucun impact. L'entreprise use d'autres technologies pour les récolter : SDK publicitaires ou notifications push « Firebase » leur permettent tout de même d'acquérir ces données grâce à des services tiers. Évidemment, ceux-ci ne peuvent pas être désactivés.
Hochman juge cet ensemble de pratiques et de tactiques dissimulées comme « orwelliennes », jugeant que Google ne laisse à ses utilisateurs qu'une simple illusion de contrôle. De nos jours, l'opacité du fonctionnement de la firme dans certains domaines n'est un secret pour personne. En revanche, s'apercevoir que la direction elle-même ne connaît pas toutes les manœuvres en place dans leurs process est franchement inquiétant.
Source : Ars Technica