Le fournisseur d'accès à Internet par satellite, Starlink, s'impose en Amazonie, où il équipe l'immense majorité des villes. Problème : cette percée technologique aide au développement des activités criminelles.
Starlink, la révolution satellite d'Elon Musk qui se répand un peu partout dans le monde, domine l'Amazonie brésilienne avec des antennes déployées dans 90 % des villes et villages. Bien que l'antenne en elle-même apporte de la connectivité aujourd'hui indispensable dans des zones isolées, la présence de Starlink suscite des préoccupations sur la souveraineté nationale, et inquiète la population et les autorités en ce qu'elle entraîne et renforce certaines activités illégales sur place, révélant un côté controversé de l'avancée technologique qu'elle représente.
Entre promesses non tenues et dépendance à Starlink
Lancée en 2022, Starlink est en train de devenir le principal fournisseur de haut débit fixe par satellite en Amazonie. L'apport du service bénéficie principalement aux régions éloignées, où l'infrastructure traditionnelle est absente. Mais son expansion rapide (697 des 772 municipalités en sont déjà équipées) soulève des questions sur la sécurité nationale et son utilisation dans des activités illégales, selon l'agence nationale des télécoms et les autorités brésiliennes.
En 2019, Elon Musk, lors d'une rencontre polémique avec l'ex-président Jair Bolsonaro, avait promis un accès à Starlink pour 19 000 écoles déconnectées en Amazonie. Selon le ministère de l'Éducation actuel, la promesse n'a pas été tenue. L'expansion n'est donc pas tout à fait optimale, et il est triste de voir que certains criminels peuvent, eux, en profiter.
Avec Starlink, Elon Musk a créé une vaste constellation de plus de 5 000 satellites, permettant une connexion Internet de qualité dans ces régions isolées. Mais des questions sur la sécurité nationale se posent lorsque des entreprises privées contrôlent des systèmes de communication cruciaux. La France n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner tout récemment, en accusant Starlink de ne pas respecter ses obligations légales en matière d'interceptions judiciaires et de sécurité. Des questions de souveraineté se posent aussi, avec pour exemple la dépendance à tous les étages de l'Ukraine.
Les controverses minières et criminelles gâchent l'apport technologie de l'antenne d'Elon Musk
Selon l'Institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA), les antennes Starlink sont devenues courantes dans les sites miniers illégaux. Des images montrant ces antennes installées à côté d'armes, de munitions et d'or collectées lors d'opérations de police ont pu être consultées par nos confrères de la BBC. Depuis le début de l'année, 32 saisies d'antennes ont été effectuées dans le cadre d'opérations de lutte contre l'exploitation minière illégale.
L'accès au réseau Starlink facilite le travail des mineurs, mais aussi celui des trafiquants de drogue ou de bois de la région. Avant l'Internet à haut débit par satellite, le seul moyen pour communiquer dans certaines zones était la radio, avec les limites qu'on lui connaît. « Maintenant, ils font tout par WhatsApp », déplore un employé de la police, presque impuissant.
Ce que l'on constate donc en Amazonie, c'est que cette idée d'inclusion numérique grâce à Starlink ne profite, sauf quelques exceptions, qu'à ceux qui en ont les moyens. Au Brésil, les frais mensuels Starlink démarrent à 35 euros. Les frais d'installation sont fixés autour de 270 euros, mais les revendeurs peuvent les facturer jusqu'à 1 000 euros dans les zones les plus reculées. Des montants colossaux dans ces coins où les revenus sont bien moins élevés que dans le reste du pays.
Si la montée en puissance de Starlink dans l'Amazonie brésilienne offre de réelles opportunités de connectivité, les controverses sur la sécurité nationale, les activités illégales et les promesses non tenues noircissent un peu la tableau. Espérons donc que ce formidable apport technologique potentiel ne se transforme pas en une désillusion de plus.
Source : BBC