Resté bloqué près des côtes depuis 1986, l'énorme iceberg A23a était presque devenu un marqueur des glaces en Antarctique. Mais cet énorme bloc de 3 900 km² a finalement commencé sa dérive vers le Nord, qui marquera sa fin, à moins qu'il s'échoue encore. Malgré sa taille, il ne pose pas vraiment de danger…
Même s'il est définitivement un géant (presque la moitié de la Corse) et qu'il est le plus grand au monde aujourd'hui, l'iceberg A23a n'est pas le plus grand à avoir jamais parcouru les océans. Pourtant, celui-ci est particulièrement bien connu et identifié. Pour le comprendre, il faut remonter quatre décennies en arrière ! L'Union soviétique possédait alors une base sur la banquise de l'Antarctique de Filchner, Druzhnaya 1. Manque de chance, en 1986 l'URSS doit évacuer et démanteler l'installation rapidement : elle est sur ce qui s'appellera A23a, un énorme iceberg qui commence à dériver en novembre 1986, au printemps austral.
Mais de façon assez étonnante, celui-ci n'est pas allé bien loin. Sa croute de glace de près de 400 mètres d'épaisseur se bloque en effet dès 1986 dans un haut fond limoneux de la mer de Weddell. Et pendant presque 37 ans, A23a forme comme une île de glace. Inutile cependant de l'inscrire sur les cartes, car en 2023, il s'est définitivement détaché pour suivre (enfin) les courants vers le Nord et quitter l'Antarctique.
Pourquoi a-t-il repris sa route ?
S'il n'y a pas véritablement d'explication scientifique à ce changement après 37 ans d'immobilité relative, le suivi radar satellite a permis de constater une évolution et une dérive de quelques kilomètres sur le fond dès 2020. À présent, A23a est engagé sur ce que certains appellent « l'allée des icebergs » : porté par les courants, il se dirige paresseusement vers Elephant Island et la Géorgie du Sud.
Sur son trajet, il n'est pas vraiment dangereux pour les navires modernes qui sont équipés de radars, d'autant plus que même à l'œil nu, il est difficile de rater ce bloc de glace quasi rectangulaire de 50 kilomètres de côté ! Dans tous les cas, malgré ses dimensions et sa masse impressionnante, s'il ne s'échoue pas, il devrait suivre les courants et fondre doucement dans les mois et les années à venir, faisant le tour du continent blanc et des terres australes.
Iceberg à suivre !
La formation d'icebergs est naturelle lorsque les mers se réchauffent, ce qui est le cas localement chaque printemps, au Nord comme au Sud, aussi l'inévitable question du changement climatique n'entre pas nécessairement en compte ici. Plusieurs études ont même montré l'apport bénéfique de ce genre de grand iceberg sur la faune et la flore des océans, car ils aident à diffuser des minéraux et des nutriments dans leur sillage… même s'ils peuvent aussi avoir des effets dévastateurs.
En effet, il existe une certaine crainte qu'avec sa taille A23a, s'il s'échoue le long de la Géorgie du Sud (il est un peu plus grand que l'île) ou d'Elephant Island (il est beaucoup plus grand que le groupe d'îles), empêche l'accès à des zones de nidifications des manchots, ou des zones de chasse de plusieurs groupes de prédateurs locaux. D'ici là, il ne sera pas trop difficile à suivre !
Source : BBC