La DevTernity est une référence dans le secteur du développement © Matej Kastelic / Shutterstock
La DevTernity est une référence dans le secteur du développement © Matej Kastelic / Shutterstock

Quand des organisateurs de conférence jouent la carte de la diversité pour que leur événement soit un succès, mais qu'ils sont pris la main dans le sac. Une histoire à dormir debout.

Le 7 et 8 décembre devait se tenir l'édition 2023 de la DevTernity à Riga, en Lettonie. Celle-ci est la plus grande conférence internationale ayant pour thématique le développement de logiciels. Finalement, celle-ci n'aura pas lieu en raison d'un fait plutôt surprenant : les organisateurs l'ont annulée, car un de leurs stratagèmes de communication a été honteusement dévoilé. Ceux-ci avaient fabriqué de toutes pièces des intervenantes avec de l'IA pour faire venir plus de monde. Une supercherie qui n'a pas eu l'effet escompté.

L'imposture exposée : des femmes inexistantes sur le podium

Après l'influenceuse entièrement programmée par l'IA, au tour des conférencières ? C'est Gergely Orosz, un observateur de l'industrie et auteur d'une newsletter qui a levé le voile sur cette fourberie. En effet, sur les trois femmes qui devaient tenir une conférence, deux n'étaient que de simples illusions numériques, créées par intelligence artificielle. Anna Bokyo a été présentée comme une employée de Coinbase, la célèbre plateforme de cryptomonnaies qui, au début d'année, n'avait pas trop la santé. La deuxième, Julia Kirsina, était censée être développeuse chez Uber.

Cette dernière avait été plusieurs fois annoncée pour des conférences depuis 2021, mais ne s'est jamais évidemment jamais présentée. Un des organisateurs, Eduard Sizovs, a donc usé de cette pratique trompeuse plusieurs fois d'affilée. Mais pourquoi ? Pour représenter l'inclusivité dans le monde de la tech, largement dominé par les hommes. Gergely Orosz explique que « de nombreux conférenciers prestigieux dans le monde de la tech refusent de s'exprimer dans des événements où seuls les hommes sont invités à parler ». Ainsi, invoquer une présence féminine fictive, même synthétique, semblait être pour Sizovs une solution facile à envisager.

 Des conférencières aussi réelles que cette image ©  Kiselev Andrey Valerevich / Shuuterstock
Des conférencières aussi réelles que cette image © Kiselev Andrey Valerevich / Shuuterstock

Réactions et tentatives de justification

Cette gigantesque tromperie a suscité l'indignation chez la majorité des participants, qui se sont tout simplement désistés de l'événement. Résultat : une annulation pure et simple de la conférence. Pour sa défense, Eduard Sizovs a joué la carte du « bug sur le site de la conférence » et a même crié au « lynchage public ».

Heureusement que le ridicule ne tue pas. À trop vouloir jouer le jeu de l'inclusion, certains vont trop loin et finissent même par faire l'inverse. Un très bel exemple que celui de Sizovs, qui semblait plus concerné par le succès de sa conférence que par la faible proportion de femmes (22 % en UE selon l'étude de McKinsey More Women in Tech) dans le secteur de la technologie.

Sources : McKinsey, Le Figaro