Des amendes pour les resquilleurs ?
Des amendes pour les resquilleurs ?

Lyon s'apprête à devenir la première ville française à expérimenter les radars thermiques de covoiturage dès janvier 2024. Ces dispositifs visent à renforcer le respect des voies réservées au covoiturage et à encourager une mobilité plus durable. Un beau projet… sur le papier.

Dans un effort pour promouvoir le covoiturage et réduire les embouteillages, la ville de Lyon a annoncé l'installation de radars thermiques sur les boulevards urbains M6-M7. Ces radars, une première en France, seront opérationnels dès le début de l'année 2024 et visent à détecter le nombre d'usagers dans les véhicules empruntant les voies dédiées au covoiturage.


En surveillant le respect des voies de covoiturage, ces dispositifs pourraient jouer un rôle dans la réduction des embouteillages et la promotion d'une mobilité plus responsable. Toutefois, leur succès dépendra des infrastructures alternatives mises en place et l'acceptation des usagers à ces nouvelles règles, toujours plus restrictives.

135 € d'amendes pour les contrevenants

Ces radars thermiques, installés en amont et en aval du tunnel de Fourvière, permettront de vérifier la présence d'au moins deux personnes dans les voitures circulant sur la voie réservée. Ces deux radars seront installés sur les anciennes A6-A7 déclassées en boulevard périurbain M6-M7. Dans le sens Sud en amont du tunnel de Fourvière sur la M6, près de l'échangeur du Pérollier. En direction du Nord, il sera positionné autour de la pointe de la Confluence à priori.

En cas de non-respect, des amendes électroniques de 135 € seront envoyées aux contrevenants. La gestion de ces radars sera assurée par la police municipale de Lyon, qui traitera les images captées et dressera les procès-verbaux. Toute la problématique était de savoir qui pourrait s'occuper de traiter les clichés, la Métropole n'ayant pas les moyens policiers pour le faire, alors qu'elle a la possibilité légale de recruter des agents depuis 2014. La ville de Lyon, qui manifestement considère que sa police municipale n'est pas assez occupée, va donc dédier cette activité une demi-journée par semaine à un de ses agents afin que celui-ci dresse le PV de constat et l'adresse à l'ANTAI.

Si cette initiative fait suite à un taux de fraude élevé estimé à 50 % en l'absence de contrôles selon la municipalité, le syndicat FO pointe déjà du doigt un cruel sous-effectif de ces agents pour les missions quotidiennes de sécurisation.

Un radar pour la voie réservée au covoiturage © Pryntec
Un radar pour la voie réservée au covoiturage © Pryntec

Les initiatives pour développer le covoiturage


L'expérimentation de ces radars s'inscrit dans une démarche plus large visant à optimiser l'utilisation des infrastructures routières et à lutter contre l'autosolisme. En encourageant le covoiturage, la ville de Lyon espère réduire la congestion routière et les émissions polluantes. Cette initiative pourrait également servir de modèle pour d'autres villes françaises.

Au-delà de Lyon, le covoiturage en France tente de se développer. Des projets comme Trapèze, lancé par Vinci Autoroutes, visent à développer des services de covoiturage interconnectés, offrant des alternatives de mobilité plus diversifiées. De même, la prime au covoiturage, introduite en 2023, subit des modifications en 2024 pour se concentrer sur les trajets courts et encourager une mobilité plus durable.

Mais des questions demeurent quant à leur efficacité réelle dans la promotion du covoiturage au quotidien. De nombreuses applications existent comme BlaBlaCar ou encore Covoit'ici, mais la gestion des déplacements professionnels et personnels, ainsi que la logistique des activités familiales, constituent clairement des obstacles à l'adoption généralisée du covoiturage pour les trajets courts, et qui ne semblent pas prise en compte par les collectivités qui souhaitent punir plutôt que prévenir.

Il faut être minimum 2 personnes à bord pour emprunter la voie de covoiturage© BlablaCar

En outre, même s'il reste à voir si ces initiatives inciteront réellement les automobilistes à changer leurs habitudes de déplacement, quand on regarde la carte des aires de covoiturages sur les grandes villes on reste un peu dubitatif : que ce soit en région parisienne ou dans l'agglomération de Lyon, il n'y a aucune aire en proche banlieue.

Pour finir, notons que les voies réservées au covoiturage sont accessibles dès lors qu'un véhicule transporte au moins deux personnes, y compris un bébé. Ces voies sont également ouvertes aux véhicules d'urgence, aux transports en commun, aux taxis en service, ainsi qu'aux véhicules classés Crit'Air 0.

Source : Le Figaro