© Grigory Bruev / Adobe Stock
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Les véhicules à moteur thermique sont de moins en moins bien accueillis sur le pavé des villes européennes. Parmi les nombreuses solutions pour redonner aux piétons et aux transports en commun leur place de souverains des rues, la capitale des Gaules en a choisi une qui, bien qu'évidente, ne plaira pas à tous.

À Lyon, il vaudra mieux rouler dans une bonne vieille Twingo que dans une Porsche Cayenne. En tout cas, dans quelques mois, ce sera plus vrai que jamais.

Deux poids, deux mesures

Aujourd'hui, presque partout en Europe, le problème du stationnement est le même, que vous rouliez en citadine ou en SUV, en voiture thermique ou en véhicule électrique. Sauf, évidemment, pour ce qui est de l'espace disponible. Si la vignette Crit'Air vise à réduire la circulation des véhicules les plus polluants dans les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), dont fait partie la ville de Lyon, il semblerait que cela ne suffise plus à certains.

À partir de 2024, cette municipalité d'un peu plus de 500 000 habitants va modifier son système de tarification du stationnement. Désormais, le coût de celui-ci ne dépendra plus seulement de la durée de stationnement, mais également de la motorisation et du poids du véhicule.

Pour donner un ordre de grandeur, les services de la ville se sont appuyés sur les tarifs des abonnements destinés aux résidents. Ainsi, les véhicules thermiques de plus de 1 725 kg se verront appliquer un forfait mensuel majoré à 45 euros, tandis que ceux dont le poids est compris entre 1 000 et 1 725 kg se verront appliquer un forfait de 30 euros. En dessous de ce seuil, la facture s'élèvera à 15 euros par mois.

Les propriétaires de véhicules hybrides rechargeables pesant moins de 1,9 tonne bénéficieront aussi de ce tarif. Au-delà, c'est la majoration maximale qui s'applique. Il en va de même pour les véhicules électriques de plus de 2,2 tonnes, exit donc les Tesla Model S et X et autres Porsche Taycan.

© Peter Atkins / Adobe Stock
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Un choix de bon sens ?

Pour mettre en œuvre ce système, les horodateurs pourront bientôt communiquer avec le système d'immatriculation des véhicules (SIV). Ainsi, à partir du numéro d'immatriculation du véhicule, ses données relatives au poids à vide et à la motorisation pourront être prises en compte pour déterminer le tarif à appliquer.

Si ces critères peuvent paraître arbitraires, voire injustes pour certains, ils sont en fait établis sur des observations très concrètes : plus un véhicule est lourd, plus il pollue, de sa fabrication à son utilisation. La mairie résume par ailleurs très bien la situation : « Le poids est un indicateur particulièrement pertinent, car directement lié aux émissions de CO2, à la consommation de métaux et d’énergie, aux émissions de particules fines ». Lyon semble donc aller au-delà de la seule prise en compte de la pollution en ville, de l'espace occupé par un véhicule imposant et de son impact sur la sécurité des autres usagers – piétons, cyclistes et autres automobilistes.

En outre, le véhicule n'est pas le seul critère qui influencera les prix, puisque les familles modestes ou nombreuses (avec trois enfants ou plus) pourront bénéficier du tarif minimum, tandis que les professionnels disposeront d'un nouveau régime adapté. Cependant, il n'est pas encore précisé comment ces aspects seront pris en compte en dehors des abonnements.

S'il s'agit par ailleurs d'un bon moyen pour limiter la grogne, les SUV restent la catégorie de véhicules la plus vendue en Europe. Cette nouvelle situation à Lyon risque donc d'en mécontenter plus d'un… ou peut-être d'inciter certains à prendre un peu plus les transports en commun ?