Vue embarquée sur l'atterrisseur Peregrine. Remarquez le petit croissant de Terre, en haut à droite... ©  Astrobotic
Vue embarquée sur l'atterrisseur Peregrine. Remarquez le petit croissant de Terre, en haut à droite... © Astrobotic

La mission Peregrine contenait, entre autres, des capsules métalliques de Celestis contenant des cendres de défunts et de l'ADN. Mais malgré les milliers d'euros dépensés, leurs cendres ne seront pas sur la Lune… À cause de sa fuite de carburant qui a dévié sa trajectoire, l'atterrisseur revient sur Terre.

La communication de l'entreprise privée américaine Astrobotic est assez exemplaire depuis le décollage de la mission lunaire Peregrine. Car quelques heures à peine après son lancement, les équipes font face à une fuite de carburant et à une rupture partielle d'un réservoir qui laisse peu d'espoirs sur la suite de la mission.

Il est très vite évident que Peregrine, financé partiellement par la NASA, ne pourra pas se rendre sur la surface lunaire, ni même en orbite. Alors avec les clients qui devaient originellement faire fonctionner leurs expériences sur la Lune, Astrobotic a activé un maximum de charges utiles pour les tester loin de la Terre. Une solution bancale, certes, mais qui montre aussi la volonté d'en faire le plus possible avec les moyens encore disponibles. Une semaine plus tard, Peregrine est toujours actif, et la fuite s'est tarie (le réservoir est vide).

La trajectoire est en réalité un peu infléchie en pointillés : direction la Terre ! ©  Astrobotic
La trajectoire est en réalité un peu infléchie en pointillés : direction la Terre ! © Astrobotic

Peregrine, c'est bientôt terminé

Bonne nouvelle ? Oui et non. Le véhicule, qui devait à l'origine faire une orbite lointaine complète avant de viser l'orbite lunaire, revient vers la Terre, et sa trajectoire bouleversée par la fuite l'amène vers une collision. « Une fin de mission raisonnable » pour les responsables qui ne souhaitent pas que Peregrine devienne un débris en orbite (ou pire, vers la Lune).

La désintégration est prévue pour jeudi, et à priori une majorité des éléments devraient se consumer dans l'atmosphère. Y compris le boitier métallique contenant les capsules de Celestis, une entreprise qui proposait aux particuliers d'emmener les cendres de défunts et quelques échantillons de leur ADN pour reposer une dernière fois sur la Lune. Malheureusement pour eux, leurs cendres seront bel et bien éparpillées sur Terre.

Des cendres du célèbre auteur Arthur C. Clarke faisaient partie du trajet lunaire. © Wikimedia Commons

De la poussière à la poussière

On ne sait pas si les clients de Celestis seront remboursés (si ce sont les défunts, probablement pas) pour cette tentative ratée, mais il faut signaler que ce genre d'initiatives et de petites missions se multiplient. Celestis avait d'ailleurs deux boitiers lors du décollage de l'atterrisseur Peregrine. Un sur le petit véhicule lunaire, et l'autre sur l'étage supérieur Centaur V du lanceur Vulcan. Ce qui n'est pas un hasard : pour tester les capacités de Vulcan à mener des missions lointaines, United Launch Alliance a rallumé les moteurs peu après l'éjection de Peregrine, pour disposer d'une trajectoire héliocentrique (un peu comme un astéroïde géocroiseur, Centaur V devrait dériver plusieurs décennies au moins autour du Soleil). La mission était baptisée « Celestis Enterprise ». Elle au moins a atteint son objectif…

Source : Axios