Les retards et surcoûts massifs du projet EPR d'Hinkley Point soulèvent des inquiétudes quant à la capacité d'EDF à relever les défis de la relance du nucléaire en France, sans faire exploser la note finale pour le consommateur.
La situation ne s’améliore pas sur le chantier des EPR d’Hinkley Point, en Angleterre. EDF Energy y a engagé en 2016 la construction de quatre nouveaux réacteurs qui permettront à terme de couvrir la consommation électrique de 6 millions de foyers. Si le projet a franchi une série d’étapes importantes ces derniers mois, dont l’installation du dôme sur le bâtiment du réacteur de l’unité 1, le géant français de l'électricité a récemment annoncé de nouveaux retards et des surcoûts substantiels.
Initialement prévue pour 2025, la livraison de la première tranche a été repoussée à 2027, et les dernières indications laissent entendre que la mise en service du premier réacteur ne devrait pas intervenir avant 2029, et ce, dans le meilleur scénario envisageable. Les prévisions actuelles suggèrent un démarrage de la production en 2030, voire en 2031, accumulant ainsi un retard de sept ans par rapport au planning initial.
La facture d'envole encore pour l'EPR
Tout projet industriel d'envergure est susceptible de faire face à des défis financiers, et l'EPR, en raison de sa complexité, ne fait pas exception à cette règle. La situation est d'autant plus délicate qu’il représente une tête de pont, c’est-à-dire une étape préalable à la mise en place d'une série industrielle. Les conséquences de ces complications se traduisent par un coût astronomique, évalué à 46 milliards de livres sterling par le Financial Times, soit environ 53 milliards d'euros.
À titre de comparaison, cette somme équivaut au budget alloué par EDF pour la construction de six réacteurs en France d'ici 2050. Cette estimation soulève évidemment des préoccupations quant au véritable coût d’un parc nucléaire de nouvelle génération. De son côté, EDF adopte une position plus prudente que le Financial Times en annonçant une fourchette comprise entre 31 milliards et 34 milliards de livres (2015), selon les cas de figure. Quoi qu'il en soit, le surcoût reste massif et pourrait ainsi dépasser les 9 milliards d'euros.
Des surcoûts financés par la facture d'électricité ?
À présent qu'EDF a retrouvé son statut d'entreprise entièrement publique, se pose la question cruciale de la responsabilité financière de ces dépassements budgétaires. Comment assumer les coûts, tout en s'attaquant à la dette colossale de l'opérateur, évaluée à 65 milliards d'euros. Une situation d’autant plus complexe que des investissements sont aussi nécessaires pour relancer la production de centrales en France.
Une option pour EDF serait d’attirer de nouveaux partenaires afin de partager les coûts, mais la société admet que ce processus « va prendre du temps ». La perspective la plus probable semble être une augmentation de la facture électrique dans les mois et années à venir. Dans tous les cas, ces choix auront des conséquences non seulement sur EDF, mais aussi sur les consommateurs.
Source : Le Monde