EDF voudrait bien pouvoir augmenter la durée de vie de ses centrales nucléaires de 20 ans. Ce n'est pas impossible, mais il faudra être prudent, selon l'ASN.
L'Autorité de la sûreté nucléaire (ASN) n'est pas fondamentalement contre cette prolongation, qui a déjà été décidée aux États-Unis. Elle souhaite en revanche se laisser du temps pour analyser la question tout en pointant du doigt la nécessité de prendre en compte certains nouveaux paramètres.
L'ASN ne veut pas céder à la pression politique
Comment assurer la fourniture en électricité des Français sur le long terme, alors que dans 20 ans, près de la moitié des réacteurs nucléaires du pays (25 sur 56) auront atteint ou dépassé la barre des 60 ans ? Et alors que la crainte des coupures d'électricité s'est installée ? Pour EDF, il y a une solution : prolonger la durée de vie des centrales de 20 ans, jusqu'à 80 ans, donc. Une idée que l'entreprise veut explorer sans « tabou », selon le mot de son directeur exécutif Cédric Lewandowski.
L'ASN ne serait pas contre, mais elle émet des réserves. Pour elle, il ne faut pas que les impératifs politiques polluent cette réflexion. « La poursuite d’exploitation des réacteurs nucléaires ne devrait pas être la variable d’ajustement d’une politique publique qui aurait été mal calibrée », a ainsi expliqué le président Bernard Doroszczuk.
De nouveaux éléments à prendre en compte
Ce dernier ne veut pas d'une étude « de coin de table », « mais un travail très approfondi, consistant à analyser le comportement de pièces non remplaçables et d’autres difficilement remplaçables ». Parmi les pièces problématiques, on trouve notamment la cuve du réacteur et l'enceinte de confinement, « qui ne peuvent pas être remplacées », selon Bernard Doroszczuk. Pourront-elles tenir au cas où la durée de vie des centrales étaient portée à 80 ans ?
Le chef de l'ASN pointe par ailleurs l'obligation de faire avec les changements climatiques à venir. « Les événements climatiques qu’on a connus récemment ne seront plus exceptionnels […]. Le nucléaire s’inscrit dans la longue durée. On doit donc examiner à cette échelle de temps les conséquences du réchauffement climatique sur le fonctionnement des centrales », plaide-t-il. Car quelles répercussions la baisse du niveau des fleuves ou l'augmentation du vent et des températures auront-elles sur l'activité des centrales ? C'est ce que l'ASN veut savoir.
Source : Le Figaro