L’homme le plus riche du monde est-il surpayé ? C’est la question qu’a posée un récent procès visant le PDG de Tesla et la réponse de la justice semble être un oui franc et massif.
Elon Musk pourrait bientôt être relégué au rang de troisième fortune mondiale. Une juge de l’état du Delaware vient en effet de se prononcer en faveur de l’annulation d’un plan de rémunération mis en place par le conseil d’administration de Tesla qui a rapporté très, très gros à l’homme d’affaires sud-africain.
Un conseil d'administration un peu trop proche de Musk
En 2018, alors que Tesla était à deux doigts de la banqueroute, les responsables du fabricant automobile valident un plan de rétribution économique ambitieux pour Musk : s’il parvient à faire grimper la valorisation boursière de Tesla à 650 milliards en quelques années, alors à lui les dizaines de milliards de dollars inscrits dans la stratégie validée par les responsables.
À l’époque, peu de gens y croyaient en raison de la santé financière désastreuse de l’entreprise. Cependant, en 2022, Tesla atteint l’objectif fixé par le conseil d’administration et Musk peut alors compter ses milliards. Problème : l’objectif n’a pas été vraiment fixé par le conseil d’administration de l’entreprise.
Comme l’a démontré l’avocat des plaignants, c’est Musk lui-même qui a proposé ce plan de rémunération. La plupart des membres du conseil d’administration ont validé sa mise en place en raison de la proximité amicale, voire parfois familiale, qu’ils entretenaient alors avec l’homme d’affaires.
Antonio Gracias a suivi et soutenu les aventures de Musk depuis le lancement de PayPal, James Murdoch est un ami avec qui Musk est parti en vacances, Kimbal Musk est le frère de l’homme d’affaires, Ira Ehrenpreis a avoué que sa relation avec Musk et son frère « a eu une influence importante sur la réussite de sa carrière ». Bref, n’en jetez plus, tout cela sentait le conflit d’intérêts à plein nez selon la juge Kathaleen McCormick.
La rémunération « la plus importante jamais vue sur un marché public »
« L’absence de toute preuve de négociations contradictoires entre le conseil et Musk concernant le montant » a donc convaincu la justice que Tesla avait manqué à ses obligations fiduciaires envers ses actionnaires en validant un plan de rémunération stratosphérique pour son patron. « Séduit par la rhétorique du “gagnant-gagnant” ou peut-être par le charme de superstar de Musk, le conseil d’administration ne s’est jamais posé la question de savoir si le montant de 55,8 milliards de dollars était nécessaire pour que Musk reste chez Tesla et atteigne ses objectifs. »
Selon Kathaleen McCormick. « ce contrat constituait l’opportunité de rémunération potentielle la plus importante jamais vue sur un marché public […] 250 fois plus que la médiane des plans de rémunération de ses pairs de l’époque. » De quoi faire sonner quelques alarmes. La décision est encore sujette à un appel, mais Musk a d’ores et déjà suggéré qu’il pourrait déménager le QG de Tesla du Delaware vers le Texas afin de profiter de lois plus tendres envers les entreprises.
Source : The Verge