Attention, si vous habitez ou si vous vous baladez dans cette commune de Seine-et-Marne, vous n'allez bientôt plus pouvoir dégainer votre smartphone n'importe où.
Selon la locution consacrée, vox pupuli, vox dei. Un récent référendum soumis aux habitants de Seine-Port (Seine-et-Marne) a décidé de la création d'une charte qui limitera l’usage des smartphones et autres écrans dans l’espace public et privé. Interdiction d'utiliser son smartphone donc, devant les écoles, dans les commerces, dans la rue, seul ou en groupe.
Un référendum sur fond de lutte contre l'addiction aux écrans
À la question « Approuvez-vous la charte communale pour un bon usage des écrans ? », 272 votants sur les 2 000 citoyens se sont exprimés. D'une courte tête, 146 ont répondu oui. C'est donc décidé, utiliser son smartphone dans la rue sera désormais assorti de quelques règles.
Entre autres bons usages, la charte limitera l’usage des smartphones et autres écrans dans l’espace public et privé. Le maire va prendre un arrêté pour interdire le téléphone devant les écoles, dans les commerces, en marchant dans la rue et en groupe. Il proposera aussi des activités alternatives aux jeunes et des téléphones simples aux futurs collégiens. Des initiatives qu'Emmanuel Macron encourage énormément.
« C'est une véritable addiction généralisée à laquelle on a à faire face », se justifie le maire de Seine-Port, Vincent Paul-Petit (LR).
Une première en France
Seine-Port est la première collectivité à s’engager ainsi face à la surexposition des jeunes aux écrans. S'il n’existe pas de sanction juridique en cas de non-respect de la charte, le maire a pris quelques mesures incitatives pour faire appliquer la charte.
Au programme, un arrêté municipal interdisant l’usage du smartphone devant les écoles, dans les commerces, en marchant dans la rue et lorsque les habitants se trouvent à plusieurs dans un espace public ou associatif.
La charte encourage également les parents à bannir tout écran le matin, à table, le soir avant de se coucher et dans la chambre. En contrepartie, la commune créera un espace sportif et un ciné-club pour enfants et adolescents.
Enfin, si les parents ne souhaitent pas acheter de smartphone à leurs enfants jusqu’au lycée, la commune offrira un téléphone simple aux futurs collégiens. Cela permettra de limiter l’usage des smartphones chez les plus jeunes.
Les réactions des habitants sont mitigées
Le résultat du référendum n'est pas le seul signe que le sujet est clivant au sein de la communauté.
Le sujet a en effet divisé les habitants de Seine-Port, certains étant favorables à la charte pour protéger les enfants des effets apparemment néfastes des écrans, d’autres étant hostiles à l’ingérence du maire dans leur vie privée et à la restriction des loisirs des jeunes, comme Maxence et Lenka, 18 ans: « Pas de portable dans l’espace public ? Mais il n’y a rien à Seine-Port pour les jeunes ! »
Quant à ceux qui ont voté en faveur de la charte, les réactions ne se sont pas fait attendre. « Si les règles sont les mêmes pour tous à Seine-Port, ce sera plus facile pour les parents », témoigne un père de famille. De son côté, une enseignante dresse un constat sans appel: « Je vois les ravages des écrans chez les petits de 3 ans. Certains ne savent pas utiliser leurs doigts, empiler les cubes, baisser leur pantalon pour faire pipi ».
Enfin, chat échaudé craint l'eau froide, pour cette habitante, qui a fait les frais de son utilisation du smartphone dans la rue: « Je répondais à un SMS en marchant dans la rue et je n’ai pas vu le trottoir. Je me suis cassé une cheville, un genou, et le nez ! ».
S'il est encore trop tôt pour les habitants de Seine-Port pour tirer les enseignements de ces mesures, il est bon de rappeler que d'après l'étude Elfe, le temps d'écran moyen quotidien d'un enfant français de 2 ans est de 56 minutes, puis de 1 h 20 à 3 ans et demi, et enfin, de 1 h 34 à 5 ans et demi.
Source: Le Parisien