Les fabricants ne seront pas autant évalués sur la durée de vie de leurs mobiles que prévu. Malgré la bonne volonté du gouvernement, le projet a été rejeté par un acteur trop imposant : l'Union européenne.
Le ministère français de l'Écologie travaillait depuis quelque temps à l'élaboration d'un indice de durabilité destiné à aider les consommateurs à faire le bon choix lors de l'achat d'un nouveau smartphone.
Le projet visait à mettre en évidence l'impact environnemental de ces appareils, en se basant sur des données telles que la résistance aux chocs et à l'eau, ou encore le prix des pièces détachées. Une bonne idée sur le papier, mais qui prend fin prématurément.
Jusqu'en février pour transformer un non en oui
Comme nous vous le rapportions en novembre dernier, l'UE avait exprimé son désaccord concernant l'indice de durabilité français. Selon elle, le projet présentait trop de similarité avec l'indice de durabilité européen, qui doit être mis en place à la mi-2025, avec un risque de faire doublon. La France avait jusqu'à février 2024 pour retravailler son dossier, un délai aujourd'hui dépassé.
Alors, où en est-on ? Le ministre français de l'Écologie a rendu une copie blanche à l'UE, en envoyant à la place un courrier repéré par nos confrères de Contexte. Il y annonce l'abandon de son projet, tout en laissant quelques commentaires dans la foulée. Selon lui, le projet français constituait « un outil différent et complémentaire » de ce que Bruxelles propose, « tant au regard de la nature et de la lisibilité de l’information apportée, que du spectre élargi des critères contenus dans l’indice de durabilité ».
Un argument qui se tient, mais qui ne suffira pas.
Un pas en arrière ?
L'UE, pour sa part, semble privilégier le point de vue des fabricants. Davide Polverini, coordinateur de la réglementation européenne sur l'étiquetage énergétique, a justifié le point de vue de Bruxelles lors d'une conférence organisée par l'association Halte à l'Obsolescence programmée : « Nous avons estimé qu’il était compliqué, pour les constructeurs, de préciser le prix des pièces détachées à l’échelle de l’Union européenne, tant la taille des marchés nationaux est variable. »
De plus, il semble évident pour l'UE que cela allait créer « des charges additionnelles pour les opérateurs économiques ». Tout cela pour des critères qui « ne représentent pas une valeur ajoutée évidente pour environnement », selon l'Afnum, une alliance d'industriels du secteur de la tech. Des arguments rejetés par iFixit, Halte à l'Obsolescence programmée et FairPhone, qui estiment que le projet européen n'est pas assez ambitieux.
Heureusement, pour les consommateurs qui s'intéressent de près à l'impact environnemental lors de leurs achats, il existe des moyens de s'informer. Si l'indice de réparabilité est un bon outil pour se repérer dans les offres disponibles, iFixit fait un travail exceptionnel en nous donnant ses propres notes, à l'image de son récent démontage de l'Apple Vision Pro.
D'autre part, les Fairphone 4 et Fairphone 5 restent les meilleurs exemples de ce à quoi peuvent ressembler les téléphones « responsables ». Enfin, vous pouvez compter sur la rédaction de Clubic pour traiter ce sujet qui nous tient à cœur. À l'image de notre dossier affligeant sur le greenwashing d'Apple, que nous vous conseillons de lire avec une tisane au miel bien chaude et réconfortante.