L'UE ne veut pas laisser Apple saboter iOS © raphaelhuber / Shutterstock
L'UE ne veut pas laisser Apple saboter iOS © raphaelhuber / Shutterstock

Bruxelles va mettre son nez dans les affaires d’Apple. Après que l’entreprise ait désactivé certaines fonctionnalités de son OS, supposément pour se mettre en accord avec les règles européennes, les régulateurs enquêtent.

Ce n’était qu’une question de temps. Après la « mise en conformité » très critiquée d’Apple avec le Digital Markets Act (DMA), la Commission européenne a décidé de mettre son nez dans les affaires de l’entreprise pour vérifier si le fabricant d’iPhone respecte bien la nouvelle directive européenne pour l’ouverture à la concurrence.

Apple joue avec le feu

L’enquête tout fraîchement ouverte par les commissaires des états membres concerne tout particulièrement le sort qu’Apple a réservé aux Progressive Web Apps (PWA) dans la dernière version de son système d’exploitation mobile, iOS 17.4. Citant des « problèmes complexes de sécurité et de vie privée », Apple a en effet désactivé la possibilité d’épingler ces applications à l’écran d’accueil des iPhone et des iPad en Europe, les transformant en vulgaires raccourcis vers des pages web.

Une décision technique qui ne semble pas tout à fait du goût de l’UE, puisque la Commission a expliqué au Financial Times être en train « de se pencher tout particulièrement sur le cas des PWA » et avoir « envoyé des demandes d’informations à Apple et aux développeurs d’applications qui pourraient nous fourni des informations utiles pour mieux comprendre la situation ».

Ces applications web étant un moyen populaire pour échapper à la commission qu’Apple prend sur son App Store (et à la nouvelle taxe imposée aux développeurs et développeuses en Europe), il y a fort à parier que la Commission européenne ne va pas laisser Apple tranquillement manœuvrer à sa guise, le DMA étant justement fait pour casser les règles monopolistiques que des « contrôleurs d’accès » comme Apple ont pu mettre en place au fil des ans. La Commission précise d’ailleurs être en train de jauger les solutions de mises en conformité de « tous les contrôleurs d’accès, y compris Apple ».

La première enquête d'une longue lignée ?

Ce n’est pas exactement la première fois que le fabricant d’iPhone s’attire les foudres discrètes de Bruxelles. Fin janvier 2024 déjà, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, expliquait être prêt à « prendre des mesures fortes » en cas de non-respect des plateformes au DMA, en plein milieu d’une immense polémique concernant la mise en place d’App Store alternatifs sur iOS.

L’enquête sur les PWA pourrait bien être la première d’une longue série qui va voir la Commission et Apple s’affronter dans les tribunaux pendant de longs mois. Rappelons tout de même qu’en cas de non-respect du DMA, une amende allant jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial d’Apple peut être imposée. La firme joue donc à un jeu dangereux avec Bruxelles.